- Traiter l'anxiété sociale chez les personnes bègues permet de limiter leur bégaiement.
- Les personnes bègues affichent généralement une empathie accrue, une appréciation du soutien sociétal, une plus grande résilience et une identité plus positive.
Il y a 10 ans, Le Discours d’un Roi de Tom Hooper a mis la lumière sur un problème qui touche environ 700 000 personnes en France : le bégaiement. Aux États-Unis, le président Joe Biden a dû lutter lui aussi toute sa vie contre ce trouble de la fluidité de parole et a donné la preuve que cela n’est pas un frein à la réussite, même si celle-ci implique de tenir de nombreux discours devant de larges audiences. Récemment, des chercheurs ont suggéré que la rispéridone, un médicament habituellement prescrit pour la schizophrénie et les troubles bipolaires, permet de bloquer les récepteurs du cerveau sur lesquels agit la dopamine dont les niveaux élevés sont associés au bégaiement.
Un tiers des patients en attente d’orthophonie ont un trouble d'anxiété sociale
De nombreux chercheurs ont révélé que les personnes bègues souffrent également de troubles psychologiques comme l’anxiété, la dépression ou la phobie sociale. Le média The Conversation relate le cas d’une étude norvégienne, publiée le 1er octobre 2019 dans le Journal of Communication Disordes, menée sur 21 personnes qui a étudié le rapport entre le bégaiement et certains traits de personnalité. Dans celle-ci, l’autrice principale, Hilda Sønsterud, chercheuse en psychologie à l’université d’Oslo, a découvert que le bien-être psychologique, mesuré dans son étude par l'auto- évaluation du bonheur ou de la satisfaction à l'égard de la vie, joue probablement un rôle important. “Dans ces modèles, le bien-être a une influence globale sur les expériences quotidiennes. Les mesures du bien-être restent relativement stables indépendamment des changements dans les circonstances de vie d'une personne. Cela implique que les différences individuelles de bien-être affectent les expériences de bégaiement, plutôt que les effets du bégaiement qui affectent le bien-être”, a-t-elle conclu.
Ce rapport entre personnalité et bégaiement montre que, pour améliorer leur situation, les personnes bègues nécessitent davantage qu’un traitement uniquement apporté par l’orthophoniste. Une étude parue le 19 mars 2018 dans le Journal of Fluency Disorders fournit un exemple puisqu’elle avance qu’un tiers des patients en attente d’orthophonie présente un trouble d'anxiété sociale. “Ce groupe a signalé une plus grande insatisfaction de la parole et un impact négatif sur la vie du bégaiement que ceux sans diagnostic de trouble d'anxiété sociale. Ils avaient clairement besoin d'un traitement pour des problèmes au-delà de la dysfluidité de la parole pour améliorer leur qualité de vie”, ont conclu les auteurs de l’étude. Par ailleurs, une étude de 2013, également publiée dans le Journal of Fluency Disorders, suggère qu’orthophonistes et psychologues travaillent en étroite collaboration pour développer des programmes pour évaluer et traiter efficacement l'anxiété sociale chez les personnes qui bégaient.
Bégayer, pas que du négatif
Dans The Conversation, l’auteur, un professeur universitaire en psychologie qui révélé bégayer depuis son plus jeune âge, souhaite également mettre la lumière sur les points positifs liés au bégaiement. Les personnes bègues affichent généralement une empathie accrue, une appréciation du soutien sociétal, une plus grande résilience et une identité plus positive. Le président américain Joe Biden a souvent expliqué que le bégaiement lui a donné une motivation supplémentaire. “ J'ai travaillé toute ma vie pour vaincre le bégaiement. Et je suis fier d'inspirer des enfants qui passent également par là. Cela s'appelle l'empathie”, a-t-il tweeté en décembre 2019.
I’ve worked my whole life to overcome a stutter. And it’s my great honor to mentor kids who have experienced the same. It’s called empathy. Look it up. https://t.co/0kd0UJr9Rs
— Joe Biden (@JoeBiden) December 20, 2019