C’est l’un des symptômes les plus courants de la Covid-19. On estime qu’entre 60% et 80% des personnes infectées sont touchées, au moins de manière transitoire, par l’anosmie, soit la perte de l’odorat. Si ce symptôme peut s’avérer très handicapant, la majorité des patients le récupèrent après quelques mois voire quelques semaines. Récemment, des chercheurs ont partagé une technique pour rééduquer ses fonctions olfactives. Leur technique : humer quatre arômes deux fois par jour.
Les neurones olfactifs, la porte d’entrée dans le cerveau
Des chercheurs français ont découvert les mécanismes qui engendrent l’anosmie chez certains patients contaminés. L’étude, menée par des scientifiques de l'Institut Pasteur, du CNRS, de l'Inserm, d'Université de Paris et de l'AP-HP et publiée le 3 mai dans la revue Science Translational Medicine, détaille le processus par lequel cela se déroule et avance que la persistance de la perte de l'odorat est causée par la présence durable du virus et de l’inflammation dans la muqueuse olfactive.
Le mécanisme se divise en plusieurs étapes. Cela débute par l’infection virale qui entraîne “la disparition des cils portés par les neurones sensoriels, détaille l’institut Pasteur dans un communiqué publié le 5 mai. Or, ces mêmes cils permettent la réception des molécules odorantes.” Présent dans les neurones sensoriels, le virus va ensuite provoquer “la désorganisation de l'organe sensoriel” qui se retrouve alors “déstructuré par l'infection au coronavirus”. À partir de là, le virus va pénétrer “dans le premier relai cérébral du système olfactif” entraînant “la présence d'une neuro-inflammation et d'ARN viral dans plusieurs régions du cerveau”.
Une fois que le virus a réussi à se hisser jusqu’au cerveau, il va contaminer “le nerf olfactif et les centres nerveux olfactifs”, poursuit Pierre-Marie Lledo, chercheur au CNRS et co-auteur de l'étude. “Une fois entré dans le bulbe olfactif, le virus se propage à d'autres structures nerveuses où il induit une importante réponse inflammatoire”, complète Hervé Bourhy, co-auteur de l'étude. Par ailleurs, l'infection des neurones olfactifs de la muqueuse olfactive nasale “pourrait constituer une porte d'entrée dans le cerveau et expliquer pourquoi certains patients développent diverses manifestations cliniques, d'ordre psychologique (troubles de l'anxiété, dépression) ou neurologiques (déclin cognitif, susceptibilité à développer une maladie neurodégénérative)”, relève l'Institut Pasteur.
Attention aux faux négatifs
Les chercheurs ont également révélé que l’anosmie durable, dont souffrent certains patients, s’explique par “la persistance du virus et de l'inflammation dans la muqueuse olfactive”, affirme Marc Lecuit, co-auteur de l'étude. Cela peut également entraîner à des faux négatifs. “Les tests classiques PCR par écouvillonnages nasopharyngés peuvent se révéler négatif alors même que le virus persiste au fond des cavités nasales”, écrit l’institut. Les chercheurs préconisent d’effectuer “un diagnostic par brossage nasal” en plus du test “chez les patients présentant une perte d'odorat”.
Ces découvertes ont été faites après une étude menée sur onze patients infectés par la Covid-19 et qui souffrent d’anosmie et “complétée grâce à des analyses sur un modèle animal”, ajoute l’institut Pasteur, en l’occurrence des hamsters.