- Les autotests sont mis à disposition de personnes qui doivent effectuer des tests à répétition.
- Près de 60% des personnes qui demandent des autotests sont cas contact ou symptomatiques.
- Les autotests ne permettent pas une traçabilité de l'évolution de la circulation du virus.
C’est un déploiement qui ressemble à un flop. Depuis le 12 avril, les autotests sont disponibles en pharmacie. Ils ont pour objectif de venir gonfler l’arsenal de dépistage pour “des personnes qui font des tests à répétition”, pointe Gilles Bonnefond, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine. Ce dernier constate que, dans les faits, un manque de communication a conduit à une application détournée et une sous-utilisation.
Les autotests ne remplacent pas les antigéniques et les PCR
Malgré un prix relativement faible, 6 euros actuellement et 5,20 euros à partir du 15 mai, les autotests peinent à trouver leur public alors qu’une très grande majorité des pharmacies les proposent. “Quasiment 97% des pharmacies ont référencé ces tests et les mettent à disposition de la population”, avance Gilles Bonnefond. Pourtant, un bon nombre d’entre eux ne trouvent pas preneurs alors que dans d’autres pays la population se les arrachent. “L’Allemagne, ce n’est pas la France puisqu’ici nous pouvons effectuer des tests antigéniques et PCR gratuitement alors que la plupart des autres pays doivent les payer. En Espagne, par exemple, un test PCR coûte 150 euros”, affirme-t-il.
Le président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine déplore surtout une mauvaise utilisation de ces autotests. “On remarque que plus de la moitié des personnes qui nous les réclament, environ 60%, sont des patients symptomatiques ou cas contact. Or, pour eux, ce sont des tests antigéniques ou PCR qui doivent être réalisés pour que le résultat puisse être enregistré afin de suivre la circulation du virus sur le territoire”, a-t-il constaté. Par ailleurs, ces autotests ne seront pas utilisés dans le pass sanitaire, ajoute Gilles Bonnefond, puisque le résultat n'est validé par un professionnel de santé et ne peut donc être enregistré. “On ne peut pas se permettre d’avoir un diagnostic parfaitement établi sans l’intervention d’un médecin, infirmier ou biologiste”, détaille-t-il.
Attention à la traçabilité
Ce dernier insiste sur le fait que ces tests viennent compléter le dispositif de dépistage et ne sont pas là pour se substituer aux autres. “Ils sont mis à disposition en complément, pour des personnes qui doivent faire tests à répétition et pour qui passer à chaque fois 15-20 minutes à la pharmacie ou en laboratoire est compliqué. Par exemple, le premier test que j’ai vendu était pour un kiné qui m’a expliqué que cela simplifie son organisation en vue des nombreux rendez-vous avec ses clients”, rappelle Gilles Bonnefond.
L’autre utilisation des autotests concerne les collectivités, notamment des lycées et bientôt des collèges puisque dans ses dernières recommandations la Haute autorité de santé a autorisé leur déploiement chez les personnes de moins de 15 ans. “Dans le cadre de dépistage massif, cela permet d’avoir les résultats beaucoup plus vite et d’identifier, par exemple dans les lycées, dans quelles classes le virus circule”, juge le président des pharmaciens. Les résultats peuvent alors être récupérés et enregistrés dans le cadre du suivi de la circulation du virus.