- L’armée de cellules immunitaires qui tapissent l’épiderme ne sont pas figés et sont capables de se repositionner pour protéger les zones vulnérables.
- Les cellules immunitaires semblent avoir la capacité de s'éviter les unes les autres pour maintenir une protection cohérente sans laisser de faille.
En tant que plus grand organe du corps humain, la peau joue un rôle essentiel. C'est notamment elle qui se pose en premier défenseur de l'organisme contre les attaques infectieuses. Mais comment fait-elle pour protéger le reste du corps ? Des chercheurs américains de la prestigieuse université de Yale ont regardé de plus près et examiné comment l'épiderme, la couche la plus externe de la peau, coordonnent avec les cellules immunitaires la défense contre les agressions infectieuses. Leurs résultats ont été publiés le 6 mai dans la revue Nature Cell Biology.
Les cellules immunitaires s’évitent pour mieux protéger
L’armée de cellules immunitaires qui tapissent l’épiderme ne sont pas figés et sont capables de se repositionner pour protéger les zones vulnérables. “C'est un système de surveillance avec deux rôles distincts, précise Catherine Matte-Martone, première autrice de l’étude. La peau contrôle ces cellules en organisant leurs nombres en fonction de sa propre densité, alors qu'elles fournissent à leur tour une couverture dynamique pour éviter les fissures dans les défenses de la peau.” Dans l’épiderme, on trouve deux principaux types de cellules du système immunitaire : les cellules de Langerhans (LC) et les cellules T épidermiques dendritiques (DETC).
En observant de près, les chercheurs ont remarqué que ces cellules interagissent avec des cellules épithéliales, les cellules cutanées étroitement compactées qui composent la majeure partie de l'épiderme. Ils ont constaté que les cellules du système immunitaire maintiennent une distance minimale entre les cellules individuelles. Selon eux, ces cellules immunitaires semblent avoir la capacité de s'éviter les unes les autres, empêchant les regroupements et maintenant une distribution cohérente. Le phénomène est similaire à une propriété observée dans les neurones dans laquelle les scientifiques ont observé une tendance des neurones d'une seule branche à s'éviter.
Des cellules en mouvement
Les chercheurs ont ensuite retiré certaines cellules immunitaires dans une zone pour observer le comportement des autres. Ils ont remarqué que les cellules restantes sont capables de se repositionner à travers le tissu cutané pour combler les lacunes. En outre, ils ont découvert qu’en éliminant le gène Rac1, qui régule les flux nerveux entre les cellules immunitaires, ils peuvent perturber l'organisation normale de ces cellules. Selon eux, c’est ce processus qui aide à maintenir la distance entre les cellules immunitaires.
Cette recherche illustre comment des types de cellules spécialisées peuvent coopérer pour jouer un rôle plus important dans le corps. “Il est fascinant d'observer comment ces différents types de cellules coexistent et interagissent ensemble dans un contexte de développement plutôt que dans un contexte immunologique”, a conclu Matte-Martone Martone, qui a dirigé l’équipe de recherche.