"Nous avons désormais la preuve que les anti-inflammatoires non-stéroïdiens peuvent être utilisés en toute sécurité par des patients atteints du Covid-19", a déclaré Pr Ewen Harrison, auteur d’une étude parue dans The Lancet Rheumatology. Depuis plus d’un an, ces médicaments sont soupçonnés d’aggraver l’infection.
En mars 2020, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a même recommandé de ne pas les consommer en cas d’infection. "La prise d'anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone...) pourrait être un facteur d'aggravation de l’infection", avait-il affirmé sur son compte Twitter. Plus d’un an après, cette étude réalisée par des chercheurs écossais apporte la preuve que ces médicaments ne sont pas associés à un risque plus élevé de forme grave. Ewen Harrison souligne qu’ils sont utilisés "partout dans le monde" et dans des cas très différents : "des douleurs bénignes jusqu’aux pathologies chroniques comme l'arthrose ou les maladies cardio-vasculaires". Pour de nombreux patients, ils sont nécessaires pour accomplir les activités quotidiennes. "Quand la pandémie est apparue il y a plus d’un an, nous avions besoin d’être sûrs que ces médicaments très communs n’allaient pas être un facteur aggravant pour les personnes atteintes du Covid-19", souligne-t-il.
Des anti-inflammatoires sans risque ?
Les auteurs de cette étude ont analysé les cas de plus de 72 000 patients britanniques admis à l’hôpital suite à une infection à la Covid-19. Plus de 4 000 avaient pris des anti-inflammatoires non-stéroïdiens dans les quinze jours précédant leur admission à l’hôpital. Parmi eux, 30,4% sont décédés. "Un taux similaire à celui des patients n’ayant pas pris d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens", constatent les chercheurs. Parmi ce groupe de patients, le taux de mortalité était de 31,3%. La prise d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens n’était pas associée à un risque plus élevé d’admission en soins intensifs, de ventilation artificielle ou d’oxygénation.
Des résultats à confirmer
Si cette étude est la plus vaste réalisée sur le sujet, ces résultats présentent quelques limites. La recherche n’inclut pas les patients n’ayant pas été hospitalisés, et il n’y a pas d’information sur la poursuite du traitement à base d’anti-inflammatoires lors de l’hospitalisation. Les scientifiques ne savent pas non plus pendant combien de temps les patients ont pris ces médicaments. "D’autres études sont nécessaires pour confirmer que ces médicaments n’ont aucun impact en cas d’infection au Covid-19", indiquent les chercheurs.