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Crise sanitaire

Détresse psychologique, pensées suicidaires : le sondage qui confirme le malaise des étudiants

Par Jean-Guillaume Bayard

Une étude Ipsos pour la Fédération des associations générales étudiantes révèle que plus des trois quarts des 18-25 ans déclarent avoir été affectés au niveau psychologique, affectif ou physique par la crise sanitaire.

Pheelings Media/iStock
Plus de neuf étudiants sur dix (94%) évoquent un décrochage lié à l'épidémie et 67% estiment que la crise dévalorise leur diplôme.
Plus de 7 jeunes sur 10 (72%) ont confié avoir rencontré des difficultés financières ces derniers mois.
Le président de la Fage propose une garantie jeune universelle pour tous les 16-30 ans.

S’ils représentent la catégorie d’âge adulte la moins à risque, les jeunes subissent de plein fouet les conséquences psychologiques liées aux mesures restrictives de liberté. Pourquoi Docteur leur a récemment offert une tribune au travers de la série “détresse étudiante” en donnant, tour à tour, la parole à un étudiant, un médiateur social et un psychologue qui ont partagé les raisons de cette souffrance. Un nouveau sondage Ipsos pour la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) avance que 76% des 18-25 ans ont été affectés au niveau psychologique, affectif ou physique.

Les pensées suicidaires en hausse

En juin 2020, une étude similaire a déjà révélé un grand malaise chez les jeunes lié à la crise sanitaire. Près d’un an plus tard, rien n’a changé ou presque puisque la détresse psychologique a tendance à progresser. Entre temps, le gouvernement a tenté d’agir, avec notamment les chèques psy ou les repas à 1 euro, mais cela n’a semble-t-il pas été suffisant. “Certaines mesures vont dans le bon sens, a reconnu le président Paul Mayaux, interrogé par le Journal du Dimanche. Mais elles ont été tardives, mal appliquées et ne sont pas en adéquation avec les besoins réels.”

En chiffre, la dégradation de la santé mentale des jeunes se matérialise par une plus grande détresse psychologique, affective ou physique (+ 3 points) mais aussi plus de pensées suicidaires qui touchent 27% des sondés (+ 4 points). Sur ce dernier point, le chiffre monte à 31% chez les étudiants, grimpe à 40% parmi ceux qui sont également salariés et atteint même 42% pour les jeunes à la recherche d'un premier emploi.

La scolarité, un gros point noir

Concernant les jeunes et les études, la situation aujourd’hui est pire qu’il y a un an. Plus de neuf étudiants sur dix (94%) évoquent un décrochage lié à l'épidémie (+ 10 points) et plus de deux sur trois (67%) craignent que la crise dévalorise leur diplôme (+ 22 points). Par ailleurs, près de deux sondés sur trois (60%) estiment que la crise sanitaire a eu impact sur leur projet d'orientation.

La précarité des jeunes est, elle aussi, à la hausse. Plus de 7 jeunes sur 10 (72%) ont confié avoir rencontré des difficultés financières ces derniers mois. Pour ceux qui sont à la recherche d’un emploi, la situation a empiré puisque la part de ceux qui ont eu du mal à payer leur loyer a bondi de 15 points et concerne 69% des interrogés. Des chiffres qui se confirment pour le règlement des actes médicaux ou des médicaments puisque 55% ont eu du mal à les payer (+14 points).

Une garantie jeune universelle pour tous les 16-30 ans ?

Le président de la Fage, Paul Mayaux, insiste pour que le gouvernement aille plus loin dans l’aide apporté aux jeunes. “Il est temps d'impulser une vraie dynamique et d'engager des réformes structurelles”, plaide-t-il et propose, par exemple, un “remboursement des consultations chez le psychologue pour toute la population” et pas seulement pour les étudiants. Ce dernier défend également une garantie jeune universelle pour tous les 16-30 ans. “À la différence d'un RSA jeunes, cela permettrait de les accompagner tout au long de leurs démarches”, estime-t-il. Un souhait partagé par les jeunes puisque, selon le sondage, ils sont 81% à vouloir un accompagnement à l'insertion professionnelle et sociale.