La tendance selon laquelle les hommes seraient plus sensibles aux formes graves de Covid-19 que les femmes se précise. En décembre dernier, une étude a confirmé les premières données épidémiologiques et affirmé que les hommes infectés par la Covid-19 ont un risque trois fois plus élevé que les femmes d’être hospitalisés en soin intensif. Une nouvelle recherche, dont les résultats préliminaires ont été présentés le 6 mai dernier lors d’une conférence virtuelle organisée par l'Académie européenne de dermatologie et de vénéréologie, relie une partie de cet excès de risque à un gène connu pour provoquer une forme de perte de cheveux chez les hommes. Les auteurs de cette étude avaient déjà fait part de cette éventualité dans une lettre publiée le 1er avril 2020 dans la revue Dermatologic Therapy.
Un gène impliqué dans l’alopécie androgénétique
Une équipe de chercheurs américains a remarqué que les hommes souffrant d'une forme courante de perte de cheveux hormono-sensible, connue sous le nom d'alopécie androgénétique, sont plus susceptibles de faire des formes graves de Covid-19. “Parmi les hommes hospitalisés atteints de Covid-19, 79% ont présenté une alopécie androgénétique, contre 31% à 53% dans une population comparable d'âge similaire”, a constaté le Dr Andy Goren qui a dirigé l’étude.
Dans le détail, l’alopécie androgénétique est causée par l'activité du gène du récepteur aux androgènes (AR) qui, chez certains hommes, peut entraîner une perte de cheveux. Une enzyme appelée TMPRSS2, impliquée dans l'infection à la Covid-19, est également sensible aux androgènes et pourrait être affectée par le gène AR. “Un segment clé du gène AR semble affecter à la fois la gravité de la Covid-19 et la propension des hommes à perdre leurs cheveux en raison de l'alopécie androgénétique”, ont noté les chercheurs.
Un nouveau biomarqueur pour identifier les personnes à risque ?
Dans cette étude, les chercheurs ont effectué une analyse génétique de 65 hommes hospitalisés pour une Covid-19. Ils ont constaté que les hommes présentant certaines différences structurelles dans le gène AR sont plus susceptibles de développer une Covid-19 sévère. Selon Andy Goren, le gène AR “pourrait être utilisée comme biomarqueur pour aider à identifier les patients masculins Covid-19 les plus à risque d'admissions aux soins intensifs”, a-t-il estimé.
Cette étude ajoute à la littérature scientifique qui confirme la tendance qui s’observe dans les services de réanimation, à savoir que les hommes sont plus touchés par les formes graves de Covid-19 que les femmes. “Bien que l'étude soit petite et que l'association exacte ne soit pas complètement comprise, elle peut montrer au moins une réponse à la raison pour laquelle les hommes sont plus susceptibles d'être admis aux soins intensifs et ont une mortalité globalement plus élevée après les infections à la Covid-19”, a déclaré la Dr Teresa Murray Amato, qui est la présidente de la médecine d'urgence à Long Island Jewish Forest Hills à New York et qui n’a pas participé à l’étude.
Le Dr Andy Goren a annoncé vouloir mener des études afin de déterminer si “les médicaments qui bloquent les récepteurs aux androgènes sont utiles dans le traitement d'un sous-ensemble de patients [Covid-19].”