L’effet “caméléon” s’applique aussi à notre utilisation de nos téléphones portables. Cet effet renvoie au mimétisme spontané par rapport au comportement d’autrui adopté dans certaines circonstances. L’un des exemples les plus connus est celui de la contagion du bâillement. Dans cette nouvelle étude, des chercheurs italiens de l’université de Pise ont découvert que cet effet “caméléon” s’applique également aux personnes qui commencent à utiliser leur smartphone. Ces résultats ont été présentés le 17 avril dans le Journal of Ethology.
La moitié des personnes dégainent leur téléphone dans les 30 secondes
Les chercheurs ont étudié le comportement de volontaires lorsqu'un membre du groupe a commencé à utiliser son téléphone. Pour cela, ils ont observé des groupes d’inconnus et des groupes de personnes qui se connaissent pour examiner leur réaction lorsqu’une personne s'est mise à pianoter son téléphone. Ils ont recruté 184 participants, dont 96 hommes et 88 femmes, et ont étudié leur comportement à travers 820 situations différentes dans des environnements tels que des parcs, restaurants, transports en commun, salles d'attente et dîners. Ils ont attendu que quelqu’un sorte naturellement son téléphone et commence à l'utiliser pour vérifier ses messages ou consulter les réseaux sociaux et ont compté le nombre de personnes qui ont vérifié leur téléphone dans les 30 secondes suivantes. Dans d'autres cas, les chercheurs ont agi comme la personne qui a décroché son téléphone et commencé à l'utiliser mais, cette fois, sans le fixer.
Les chercheurs ont constaté que, dans l’ensemble, la moitié des personnes qui ont vu une personne décrocher son téléphone et commencer à l'utiliser ont fait de même dans les 30 secondes. Dans les cas où les chercheurs étaient ceux qui ont initié l’action, ils ont remarqué que beaucoup moins de personnes ont à leur tour sorti leur smartphone puisque seulement 0,5% l’ont fait. Ce comportement est non seulement rapide, puisqu’il intervient dans les 30 secondes, mais est également automatique et subconscient puisque les taux de réponse étaient les mêmes dans tous les groupes qui ont participé à l'étude. “La plupart des gens sont affectés par le comportement des autres, même sans s’en rendre compte”, affirme Elisabetta Palagi, autrice de l’étude.
Un isolement social
Pour les chercheurs, ces attitudes ont tendance à isoler socialement alors même que les personnes sont présentes ensemble dans le même lieu. “Nous avons le besoin de suivre les règles qui nous sont imposées par les personnes qui nous entourent pour combiner nos actions automatiquement, mais les smartphones peuvent accroître l'isolement social par l'interférence et l'interruption des activités continues dans la vie réelle”, affirme Elisabetta Palagi. Cette habitude mimétique est encore plus importante pour les personnes qui n’ont pas de smartphone. “Par conséquent, ces personnes peuvent se sentir particulièrement isolées”, poursuit la chercheuse.