- Selon les chercheurs, cette découverte pourrait améliorer le diagnostic de l'endométriose et permettre le développement de nouveaux traitements.
- La suppression des règles, par traitement hormonal, est la première piste thérapeutique contre l'endométriose. Dans les cas les plus sévères, la chirurgie permet d'éliminer les lésions à l'origine de la maladie.
- Le syndrome des ovaires polykystiques est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer.
L’endométriose est une maladie encore méconnue. Si elle touche aujourd’hui près d’une femme sur dix, ses causes sont floues. Des travaux de l’université canadienne Simon Fraser apportent de nouvelles pistes. Dans Evolution, Medicine and Public Health, ils démontrent qu’un manque de testostérone pourrait expliquer l’apparition de la maladie. L’analyse de données issues de différentes études scientifiques les a conduit à cette conclusion.
Des modifications de l’appareil reproducteur pendant la grossesse
"De faible taux de testostérone au moment du développement précoce constituent la plus forte corrélation connue avec l’endométriose, et ses effets pourraient expliquer la majeure partie des symptômes", indique Bernard Crespi, co-auteur de l’étude. Avec ses collègues, il constate que les femmes souffrant d’endométriose se sont développées avec des taux de testostérone bas dans l’utérus de leur mère, lorsqu'elles étaient à l'état de fœtus. Cette faible quantité d’hormone provoque des modifications dans le développement de l’appareil reproducteur qui se traduisent ensuite par l’apparition de l’endométriose.
Un changement de point de vue
"C’est très commun que les chercheurs s’intéressent uniquement aux oestrogènes en tant qu’hormone femelle, et à la testostérone en tant qu’hormone mâle, mais en réalité, ces deux hormones sont importantes pour tous les humains", souligne Ben Trumble, professeur assistant en évolution humaine et changement social au sein de l’université de l’Arizona. Dans cette étude canadienne, les chercheurs ont décidé d’aller au-delà de cette perception binaire et de s’intéresser à toutes les hormones et à leur impact sur la santé féminine. Cette nouvelle conception est importante pour la compréhension de l’endométriose, mais pas seulement, leurs conclusions apportent un nouvel éclairage sur d’autres pathologies, comme le syndrome des ovaires polykystiques. "Ce trouble est lié à un taux trop élevé, plutôt que trop faible, de testostérone en période pré-natale, souligne Bernard Crespi. Nous montrons que les causes du syndrome des ovaires polykystiques sont à l’opposé de celles de l’endométriose."
Quelles sont les différences entre ces deux pathologies ?
Le syndrome des ovaires polykystiques est une maladie hormonale : c’est la première cause d’infertilité féminine. Elle peut provoquer de l’hirsutisme et des troubles métaboliques, comme le diabète. Aucun traitement spécifique ne permet de la soigner à ce jour. L’endométriose ne bénéficie pas non plus d’un traitement spécifique. Cette pathologie peut également provoquer une infertilité, mais est plus généralement responsable de fortes douleurs pelviennes au moment des règles. Dans l’appareil reproducteur, elle se caractérise par la présence de tissus, semblables à ceux de l’endomètre, hors de l’utérus. En France, une femme sur dix est concernée, mais le diagnostic est très long : il faut sept ans en moyenne pour l'établir.