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Coronavirus

Covid en Inde : le mystère du "champignon noir"

Par Jean-Guillaume Bayard

Alors que l’OMS vient de classer le variant B.1.617 comme “préoccupant”, en Inde certains patients guéris, ou en voie de guérison, ont développé une soudaine infection appelée mucormycose, ou "champignon noir".

Priya darshan/iStock
L'OMS a affirmé que le variant indien est présent dans 44 pays et elle a reçu “des notifications de détection dans cinq autres pays”.
En Inde, les médecins ont constaté une flambée soudaine de mucormycose, une infection causée par des champignons.
Les stéroïdes utilisés pour limiter l'inflammation dans les poumons seraient responsables de ces mucormycoses.

Le variant indien continue d’inquiéter. Ce mercredi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait un point sur le variant B.1.617, découvert en Inde en octobre dernier, et affirmé l’avoir détecté dans 44 pays -dont un cas en France dans les Hauts de France- , ajoutant qu’elle a reçu “des notifications de détection dans cinq autres pays”. L’OMS l’a par ailleurs classé comme “préoccupant”. Il rejoint ainsi la liste de trois autres variants, ceux apparus en Grande-Bretagne, au Brésil et en Afrique du Sud, qui sont considérés comme plus dangereux que la version originale du coronavirus, soit parce qu’ils sont plus contagieux, meurtriers ou résistants à certains vaccins.

Une flambée de cas

Une autre source d’inquiétude est venue s’ajouter concernant le variant indien. Plusieurs cas de patients guéris, ou en voie de guérison, ont développé une infection potentiellement mortelle appelée mucormycose, ou “champignon noir”, comme l’a rapporté la BBC. Elle est causée par des champignons filamenteux microscopiques appartenant à la famille des Mucorales. Ces champignons, présents un peu partout dans notre environnement, sont habituellement sans incidence, sauf pour les personnes immunodéprimées chez qui une infection peut se déclencher.

En Inde, le nombre de cas de mucormycose a explosé depuis le début de la pandémie. Ainsi, dans l’article de la BBC, le Dr Akshay Nair, qui travaille au Sion Hospital de Mumbai, raconte avoir soigné 40 personnes pour une mucormycose en deux semaines contre moins de dix lors des deux dernières années. D’autres collègues ont fait le même constat et voient affluer les patients atteints de cette infection. La Dr Renuka Bradoo, qui officie dans un hôpital de Bombay, a enregistré 24 cas dans son établissement au cours des deux derniers mois contre six par an habituellement. “Nous recevons deux à trois cas par semaine, a-t-elle déploré. C'est un cauchemar à l'intérieur de cette pandémie.

Les stéroïdes en cause ? 

Pour les cas les plus graves, une opération chirurgicale est nécessaire pour empêcher l'infection d'atteindre le cerveau. Les patients touchés aux yeux peuvent eux aller jusqu’à perdre la vue. En Inde, tous les cas rapportés par les médecins ont un point commun : ils ont contracté la Covid-19 dans les deux semaines précédentes, et la plupart étaient diabétiques. La forme la plus courante d’infection est appelée “atteinte rhinocérébrale” et se caractérise par une nécrose des muqueuses nasales et parfois du palais. Le champignon se propage grâce à la circulation sanguine et peut atteindre les yeux et le cerveau. Les médecins indiens ont rapporté que lorsque les patients se présentent à l'hôpital, le champignon a déjà atteint les yeux. En tout, onze patients ont déjà dû être amputés d’un œil.

Les traitements contre la Covid-19 sont pointés comme les responsables de cette flambée de mucormycose, en l’occurrence les stéroïdes. Si ces derniers permettent de limiter l'inflammation dans les poumons, ils affecteraient également les défenses immunitaires. “Le diabète abaisse les défenses immunitaires du corps, le coronavirus les exacerbe, puis les stéroïdes qui aident à combattre le Covid-19 agissent comme un carburant pour le feu”, estime le Dr Nair. Les patients les plus jeunes semblent être les plus touchés par cette infection. “L'infection fongique affecte beaucoup de jeunes”, affirme le Dr Raghuraj Hegde, chirurgien ophtalmologique, à la BBC.

Pour tenter de prémunir les patients contre ce risque, le Dr Rahul Baxi, diabétologue à Bombay, recommande de vérifier que les patients atteints du Covid-19 reçoivent la bonne dose de stéroïdes, pendant une durée adéquate.