Vous êtes en retard pour recevoir votre deuxième injection de vaccin ? Ne vous inquiétez pas, cela pourrait être une bonne nouvelle. Dans le British Medical Journal, des chercheurs américains montrent que retarder la deuxième dose pour les personnes de moins de 65 ans pourrait réduire de 20% le taux de mortalité. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, des scientifiques à travers le monde parlent d’immunité collective : le seuil à partir duquel l’épidémie s’éteindra car suffisamment de personnes auront contracté le virus ou auront été vaccinées. Or, la vaccination prend du temps, et plus elle prend du temps, plus le risque de voir des mutations résistantes aux vaccins se développer augmente. Pour accélérer l’administration du précieux sérum, plusieurs scientifiques militent pour retarder l’injection de la deuxième dose. Dans cette étude, les chercheurs américains montrent que cela peut être une stratégie payante à deux conditions : si le vaccin est efficace à 80% au minimum et si les taux de vaccination atteignent 0,1 à 0,3% de la population par jour.
Moins d’hospitalisation et de décès
Ils ont créé des modélisations pour établir différents scénarios infectieux sur une période de six mois en variant les taux d’efficacité vaccinale et les taux d’administration. "Selon des conditions précises, une diminution des décès, des infections et des admissions à l’hôpital peut être obtenue lorsque la seconde dose du vaccin est retardée", concluent-ils. Cela pourrait représenter entre 26 et 27% de décès en moins pour 100 000 habitants. "Les décideurs politiques doivent évaluer leur taux de vaccination à l’échelle locale et évaluer les bénéfices que pourraient représenter leur augmentation si les délais de la seconde dose étaient rallongés, affirment-ils, en comparaison aux risques associés à l’incertitude de cette stratégie."
Quels sont les délais en France ?
En France, les autorités de santé recommandent d’attendre six semaines entre les deux injections pour les vaccins Pfizer et Moderna, et douze semaines pour l’AstraZeneca. Ces délais ont été rallongés à la mi-avril afin d’augmenter le rythme de vaccination et ainsi permettre au plus grand nombre de recevoir une première dose. L’Académie de médecine recommande d’aller plus loin et suggère de "retarder de six mois la date de la seconde injection de vaccin à ARN messager chez les personnes immunocompétentes âgées de moins de 55 ans". Pour les personnes ayant été infectée par le virus, elle conseille d’attendre six mois après le test positif pour administrer la première injection. Pour l’Académie, ces pistes sont une manière d’atteindre plus rapidement l’immunité collective.