En France comme aux États-Unis, le port de la ceinture de sécurité en voiture est obligatoire. Pourtant, même si 98,5 % des automobilistes bouclent bien leur ceinture de sécurité à l'avant, 16 % des passagers ne le font pas systématiquement à l'arrière. En cas d’accident, la ceinture constitue la seule chance de rester conscient pour sortir du véhicule. En 2017, 343 personnes sont décédées sur la route alors qu’elles ne portaient pas, ou mal, leur ceinture de sécurité. Et même si l’on survit à l’accident de la route, le non-port de la ceinture peut laisser des séquelles irrémédiables, en particulier chez les enfants et les adolescents.
Dans une étude publiée dans la revue Spine, des chercheurs du Cohen Children's Medical Center de New York montrent que chez les jeunes conducteurs, le non-port de la ceinture de sécurité peut conduire à une fracture vertébrale. "Plus de 60 % des fractures vertébrales pédiatriques surviennent chez des enfants âgés de 15 à 17 ans, ce qui coïncide avec le début de la conduite légale", explique ainsi le Dr Vishal Sarwahi.
Les ceintures de sécurité sauvent des vies... et des colonnes vertébrales
Les accidents de la route sont la principale cause de décès chez les adolescents aux États-Unis, et cette nouvelle étude montre bien que les accidents impliquant un véhicule à moteur sont à l’origine de la plupart des fractures vertébrales chez les enfants et les adolescents, avec des taux élevés d'autres blessures. Les fractures vertébrales chez les jeunes patients sont également associées à un taux de mortalité de 3 %, de nombreux décès survenant chez des conducteurs et des passagers non-attachés.
Les chercheurs ont utilisé une banque de données nationale sur les traumatismes de l'American College of Surgeons pour étudier 34 563 patients pédiatriques (de moins de 18 ans) qui ont subi des fractures vertébrales entre 2009 et 2014. De nombreux patients présentaient des fractures vertébrales multiples, avec un total de 45 430 vertèbres fracturées.
Les données ont montré que les adolescents âgés de 15 à 17 ans représentaient 63 % des fractures de la colonne vertébrale, dont les deux tiers sont survenus lors d'un accident de la route. Ces résultats montrent qu'à peu près au moment où les adolescents obtiennent leur permis de conduire, les conducteurs et les passagers courent le plus grand risque de subir un accident qui entraîne une fracture de la colonne vertébrale. 58 % de ces patients blessés étaient des garçons.
Un risque de décès de plus de 70 %
L'étude montre également l'impact du port de la ceinture de sécurité sur ces blessures dévastatrices. "Près des deux tiers des fractures vertébrales pédiatriques survenues lors d'un accident impliquant un véhicule motorisé se sont produites chez des enfants qui ne portaient pas de ceinture", notent les chercheurs. Sans ceinture de sécurité, les risques de blessures graves ou multiples et de décès sont considérablement accrus, le taux de décès passant de 29,3 % à 70,7 %.
Les données sur le port de la ceinture de sécurité étaient disponibles pour près de 19 000 patients. 65,9 % n'étaient pas attachés, dont 44,2 % d’adolescents.
Les chiffres montrent que lorsque la ceinture de sécurité était portée, le taux de fractures vertébrales diminue à la fois pour les conducteurs et les passagers. Le port de la ceinture de sécurité réduit ainsi le risque de décès de plus de 20 %. Chez les jeunes patients victimes, le port de la ceinture de sécurité était également associé à des taux plus faibles de fractures vertébrales multiples, d'autres types de fractures en plus de la fracture vertébrale, et de traumatismes crâniens et cérébraux.
D’où la nécessité de cibler particulièrement les jeunes conducteurs dans les campagnes de sensibilisation au port de la ceinture de sécurité en voiture. "S'assurer que nos nouveaux et jeunes conducteurs portent des dispositifs de protection peut réduire considérablement la morbidité/mortalité associée aux accidents et peut contribuer à sauver des vies, et des colonnes vertébrales", concluent les auteurs.