- Le scanner rétinien permet de voir les changements de certains vaisseaux sanguins, qui pourraient être un signe précoce de la maladie d'Alzheimer.
- Le scanner rétinien permet d’analyser le gène APOE4, l’un des plus courants dans la maladie d'Alzheimer.
- À terme, ces connaissances pourraient permettre de dépister plus tôt la maladie d’Alzheimer.
1,2 million de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France selon l’Assurance maladie. Il s’agit de la pathologie neurodégénérative la plus fréquente dans l’Hexagone et, comme pour beaucoup de maladies, son dépistage précoce est crucial. Repérer le plus tôt possible les premiers symptômes permet de démarrer rapidement la prise en charge et de ralentir la progression de cette pathologie encore incurable. Mais ces symptômes sont parfois difficiles à analyser car le diagnostic de la maladie d'Alzheimer est complexe, même pour un médecin. Tout d’abord, il faut identifier les troubles cognitifs du patient. Pour cela, le praticien s’appuie sur le ressenti et difficultés de la personne, ceux de son entourage ainsi que des tests de mémoires, d’état mental et d’autres fonctions cérébrales. Le praticien croise ensuite ces données avec plusieurs facteurs tels que l’âge, l’état affectif ou encore l’activité professionnelle et sociale pour établir son diagnostic.
Le scanner rétinien permet d’analyser le gène de la maladie d’Alzheimer
Selon une récente étude publiée dans la revue Alzheimer's & Dementia: Diagnosis, Assessment & Disease Monitoring, les médecins pourraient bientôt s’appuyer sur une autre facteur pour établir leur diagnostic : le résultat du scanner rétinien. À l'issue de cet examen, les patients repartent avec des photographies en haute résolution des différentes couches de leur rétine. Les chercheurs estiment que ces clichés permettent d’analyser deux choses fondamentales dans la maladie d'Alzheimer. La première est le changement de certains vaisseaux sanguins, qui pourraient être un signe précoce de la maladie d'Alzheimer. La seconde est l'un des gènes les plus courants dans la maladie d'Alzheimer, autrement dit celui qui est un facteur de risque. "Le risque génétique le plus répandu dans la maladie d'Alzheimer est une variante du gène APOE, connue sous le nom d'APOE4, explique l'autrice principale de l’étude, Fanny Elahi. Nous ne comprenons pas toujours pleinement comment cette variante augmente le risque de dégénérescence cérébrale, nous savons simplement que c'est le cas et que ce risque est différent en fonction du sexe, de la race et du mode de vie. Nos recherches fournissent de nouvelles informations sur l'impact de l'APOE4 sur les vaisseaux sanguins et peuvent ouvrir de nouvelles pistes pour la détection précoce des maladies neurodégénératives."
Un dépistage plus précoce
En analysant les scanners rétiniens, les chercheurs ont découvert une densité capillaire - c’est-à-dire les vaisseaux sanguins les plus fins - réduite chez les porteurs du gène APOE4. Cet effet augmenterait avec l’âge. Ils ont aussi constaté que les personnes ayant une densité capillaire rétinienne plus élevée avaient également un plus grand flux sanguin dans le cerveau. "C'est la première fois que nous démontrons chez des humains vivants et asymptomatiques que les plus petits vaisseaux sanguins sont affectés par les porteurs du gène APOE4, poursuit Fanny Elahi. C'est important car cela suggère un risque accru de dégénérescence cérébrale et de maladie d'Alzheimer chez les porteurs du gène APOE4 qui peut être dû à son effet sur les vaisseaux sanguins.” En effet, ces minuscules vaisseaux sanguins pourraient jouer un rôle important dans la maladie d'Alzheimer. Ceux-ci fournissent des nutriments, de l'oxygène, emportent les déchets et constituent un bouclier protecteur connu sous le nom de barrière hémato-encéphalique, présent dans le cerveau. Ainsi, selon la chercheuse Fanny Elahi, les dommages de ces vaisseaux sanguins pourraient engendrer l'accumulation de protéines et le déclin cognitif des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
À terme, ces travaux pourraient aider à diagnostiquer plus tôt la maladie d'Alzheimer, avant que le cerveau ne subisse des dommages importants, et de mettre en place un traitement plus précoce. "Il est beaucoup plus difficile de régénérer des neurones que d'empêcher leur dégénérescence, conclut Fanny Elahi. Comme pour le cancer, la détection précoce peut sauver des vies.”