En France, les premières expérimentations du cannabis thérapeutique ont été lancées en mars dernier au centre hospitalier universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand. Les participants, atteints de maladies graves, en bénéficient sous forme d’huile ou de fleurs séchées. "C’est le rôle de la médecine que de combattre les maladies et de soulager les douleurs, développe Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. En tant que médecin, en tant que ministre, je suis fier que la France puisse expérimenter l’usage du cannabis à des fins médicales, et d’ainsi mieux accompagner des milliers de patients qui affrontent des pathologies lourdes.”
30 % des Français souffrent de douleurs chroniques
Les bénéfices du cannabis sont reconnus dans le cadre de douleurs chroniques. Actuellement, en France, 30 % des adultes en souffrent selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). La Haute Autorité de Santé (HAS) définit la douleur chronique à travers plusieurs critères : sa persistance et/ou sa récurrence, une durée supérieure à trois mois, une réponse insuffisante au traitement, ainsi qu’une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles de la personne dans ses activités de la vie quotidienne. Certains traitements efficaces sont à base d’opioïdes, mais peuvent rendre les patients dépendants.
La marijuana a des conséquences néfastes sur la mémoire
Plusieurs études ont prouvé l’efficacité du cannabis thérapeutique pour soulager la douleur chronique, avec un risque moindre d'addiction. Mais la marijuana, même médicale, reste dangereuse en raison de ses effets secondaires néfastes sur la mémoire et les fonctions cognitives des patients. Un récente étude, publiée dans la revue Journal of Medicinal Chemistry, pourrait changer les choses. Les chercheurs viennent de trouver une solution pour réduire les effets secondaires liés à la prise de cannabis thérapeutique : administrer un peptide par voie orale aux patients à chaque prise. Les peptides sont des molécules constituées par l’enchaînement de plusieurs dizaines d’acides aminés. Ces derniers peuvent être synthétisés par l’organisme ou apportés par l’alimentation. Les peptides ont diverses fonctions dans l’organisme, certains peuvent avoir le rôle de neurotransmetteurs ou d’hormones.
Un peptide par voie orale limiterait les effets secondaires du cannabis
Lors de leur étude, les scientifiques ont d'abord étudié des souris à qui ils avaient administré du cannabis thérapeutique. Ils se sont ensuite aperçus qu’en injectant deux peptides dans leur cerveau, les rongeurs avaient moins de problèmes de mémoire causés par le tétrahydrocannabinol - ou THC -, le principe actif hallucinogène de la marijuana. La suite de leur travaux a consisté à améliorer ces peptides pour les rendre plus petits et actifs par voie orale, afin de les administrer plus facilement. Ils ont finalement réussi à mettre au point un prototype par voie orale sur un seul des deux peptides de base. Ils l’ont donné aux souris, en parallèle d’une injection de THC, et ont ensuite testé leur douleur et la répercussion de la prise de cannabis sur leur mémoire. Les résultats sont probants : celles ayant reçu le peptide par voie orale étaient soulagées de la douleur sans avoir d’effets secondaires sur leur mémoire. Les autres, qui n’ont reçu que du THC, avaient une capacité de mémoire plus faible. Dernier aspect positif : ce peptide n’a engendré aucun effet secondaire sur la santé des souris.
À terme, ce peptide par voie orale pourrait donc être donné en parallèle du cannabis thérapeutique pour réduire ses effets secondaires sur les fonctions cognitives sans limiter ses bienfaits sur la prise en charge de la douleur.