- Les femmes enceintes ont trois fois plus de risque de développer une forme grave de l'infection à la Covid-19, et 25 % de risque supplémentaire d'accoucher prématurément.
- L'étude, menée sur des femmes enceintes et allaitantes, montre que la vaccination avec un vaccin à ARN messager, leur confère une immunité contre la Covid-19.
- Des anticorps ont aussi été détectés dans le cordon ombilical et dans le lait maternel, ce qui assure potentiellement une immunité au nouveau-né.
Face à l’épidémie de Covid-19, les femmes enceintes sont particulièrement à risque. Fin novembre 2020, un rapport des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis montrait ainsi que ces dernières avaient trois fois plus de risques de développer des formes graves de l'infection (hospitalisation et placement sous ventilateurs) et 25 % de risque en plus d'accoucher prématurément.
C’est pour cette raison qu’en France, les femmes enceintes de 3 mois ou plus sont prioritaires depuis le 3 avril pour se faire vacciner contre la Covid-19. Une inconnue demeurait pourtant jusqu’ici : parce que les femmes enceintes n’avaient pas été incluses dans les essais de phase 3 sur l'efficacité du vaccin, les données sur la sécurité et l'immunogénicité du vaccin dans cette population étaient limitées.
Une nouvelle étude menée par le Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC) et publiée dans le Journal of the American Medical Association soulève le doute : les vaccins à ARN messager (ARNm) tels que ceux développés par Pfizer/BioNTech et Moderna confèrent bien aux femmes enceintes et allaitantes une immunité forte contre la Covid-19. Les analyses ont également révélé que les anticorps du vaccin maternel sont transférés dans le sang du cordon ombilical et le lait maternel du nourrisson.
Une forte réponse immunitaire
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont mené une étude exploratoire et descriptive auprès de 103 femmes, âgées de 18 à 45 ans, qui ont reçu un vaccin Covid-19 à ARNm (54 % ont reçu Pfizer ; 46 % ont reçu Moderna). Les scientifiques ont constaté des niveaux similaires de fonction anticorps induite par le vaccin et de réponses des cellules T chez toutes les femmes non enceintes, enceintes et allaitantes après leur deuxième dose de vaccin. En outre, les femmes enceintes et non enceintes qui ont reçu les vaccins à ARNm ont développé des réponses immunitaires à réaction croisée contre les variants de la Covid-19 en cause B.1.1.7 et B.1.351.
"Les vaccins ARNm COVID-19 ont suscité des réponses immunitaires robustes chez les femmes enceintes, allaitantes et non enceintes non allaitantes, explique Dan. H. Barouch, MD, directeur du Centre de recherche sur la virologie et les vaccins du BIDMC. De plus, les réponses en anticorps déclenchées par le vaccin étaient supérieures aux réponses en anticorps observées après des infections par la Covid-19. Ces résultats s'ajoutent aux données émergentes qui soutiennent l'utilisation de ces vaccins chez les femmes enceintes et allaitantes."
Une immunité transmise au nouveau-né
"Les anticorps induits par le vaccin que nous avons détectés à la fois dans le sang du cordon ombilical et dans le lait maternel du nourrisson suggèrent que la vaccination des mères enceintes peut potentiellement protéger les nourrissons de l'infection par la Covid-19", affirme Ai-ris Y. Collier, spécialiste de la médecine materno-fœtale au BIDMC et autrice principale.
Désormais, les chercheurs souhaitent déterminer le moment de la vaccination qui optimise la transmission des anticorps aux nouveau-nés à travers le placenta et le lait maternel.