- Les professionnels de santé sont invités à ‘’vérifier systématiquement le statut vaccinal de l’ensemble de leurs patients, afin de saisir toute opportunité d’effectuer, si nécessaire, un rattrapage vaccinal des vaccins qui n’auraient pas été réalisés lors des confinements et limitations de déplacements".
- Ils sont également encouragés à "cibler en priorité les nourrissons et les populations particulièrement fragiles pour lesquelles des recommandations particulières figurent au calendrier vaccinal (personnes avec maladies chroniques, immunodéprimées, personnes âgées, femmes enceintes)’’.
Si la campagne de vaccination contre la Covid-19 s’accélère, les autres vaccins souffrent d’un désengagement des Français. Face au phénomène, de nombreuses associations de patients et des professionnels de santé lancent un appel afin "d’ inciter les Français, notamment les plus vulnérables d’entre eux, à mettre à jour leurs vaccins pour leur santé, mais aussi pour prévenir d’autres épidémies qui pourraient resurgir après la levée des gestes barrières".
Un recul observé pour tous les vaccins
Un an après le début de la pandémie, le net recul de ces vaccins du quotidien identifié par le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE1 est confirmé par les données du GERS* : -11% pour les vaccins ROR et -16% pour les vaccins combinés tétanos/diphtérie/poliomyélite/coqueluche. Ce retard est observé pour tous les autres vaccins de l’adolescent ou de l’adulte avec : -5% pour les vaccins HPV, - 9% pour les vaccins méningocoques C, -21% pour les vaccins hépatite B/varicelle et -24% pour le vaccin contre le zona.
"Ce retrait de la vaccination est d’autant plus inquiétant dans le cas de pathogènes très contagieux, comme la rougeole ou la coqueluche, contre lesquels la couverture vaccinale en temps normal est déjà faible chez les adultes", déplorent des associations de patients.
"C’est un gâchis monstrueux"
Les populations les plus fragiles sont particulièrement nombreuses à ne pas s’être faites correctement vaccinées. "C’est un gâchis monstrueux", regrette le Dr Pascal Mélin, président de la Fédération SOS Hépatites & Maladies du foie, illustrant ses propos par deux exemples. Le premier est celui de la vaccination contre l’hépatite B : "il faut finir le travail ! Protéger les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans, afin que ceux nés avant l’obligation vaccinale des nourrissons instaurée en 2018 ne soient plus la génération oubliée du virus de l’hépatite B ; renforcer le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B des personnes les plus exposées à partir de 16 ans est aujourd’hui une priorité !", explique le Dr Mélin.
Le deuxième exemple est celui de la vaccination des personnes vivant avec une cirrhose, qui sont immunodéprimées. "Comme beaucoup de malades chroniques, les patients cirrhotiques sont beaucoup plus à risque de développer des formes graves d’affections et doivent absolument être vaccinés contre la grippe mais aussi contre les hépatites A et B, le pneumocoque et le virus varicelle/zona. Nombre d’entre eux ne sont cependant pas à jour de leurs vaccins", s'inquiète Pascal Mélin. Plus précisément, une récente étude présentée au congrès mondial d’hépatologie a repris les données sur 5 ans de 14 centres d’hépatologie américains ou canadiens et analysé les dossiers de 982 patients. "Les résultats sont dramatiques ! Seul 50% des patients sont correctement protégés", souligne le président de SOS Hépatites. "Nous devons apprendre à la jeune génération, mais pas que, à utiliser un carnet de vaccination dématérialisé", conclut le Dr Mélin.
Avec la Covid-19, les populations les plus précaires voient elles aussi leur situation, déjà fragiles, se détériorer.
*groupement d’intérêt économique créé par les entreprises de l’Industrie Pharmaceutique.