- Parmi les produits testés, 66% contiennent des composés perfluorés au-delà des recommandations.
- Certains de ces composés sont cancérogènes, immunotoxiques, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens.
- Ces produits préntendument bon pour l'environnement cachent une autre réalité.
Sans plastique ne signifie pas sans danger. Avec la loi “Transition énergétique pour la croissance verte” votée en 2015, la France a amorcé un abandon progressif de tous les emballages à plastique unique qui doit aboutir en 2040. Depuis le 1er janvier 2020, la vaisselle jetable en lot – verres, gobelets, assiettes – est interdite à la vente. Au 1er janvier de cette année, ce sont les pailles et les couverts en plastique qui ont rejoint la liste.
Attention à l’effet cocktail
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a décidé, avec trois autres associations de consommateurs européennes, de regarder de plus près 57 produits alternatifs -la vaisselle “végétale”- présents sur le marché. Ses résultats, présentés ce mercredi 19 mai, révèlent une trop grande présence de composés dangereux pour la santé ou pour l’environnement. L’enjeu est de taille notamment avec le fait que “le recours à la restauration à domicile (livrée ou à emporter) s’est encore renforcé avec la crise sanitaire”, précise l'association.
Dans le détail, l’examen des différents produits, principalement à base de pulpe végétale ou de feuilles de palmier pour la vaisselle et en papier ou en carton pour les pailles, a révélé que 66 % des échantillons testés contiennent des composés perfluorés au-delà des recommandations. Ces produits sont notamment utilisés “pour que la vaisselle résiste à l’eau et aux graisses sans se déliter”, assure UFC-Que Choisir. Problème, certains sont “cancérogènes, immunotoxiques, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens”, ajoute l'association de consommateurs. En outre, elle alerte sur le risque “d’effet cocktail” pour certains produits avec un “cumul de substances”, en l’occurrence des composés perfluorés, des chloropropanols et des amines aromatiques. Ce risque s’avère particulièrement prononcé pour les pailles en papier carton.
Des vertus environnementales remises en cause
En conséquence, elle demande un renforcement de la réglementation européenne sur les matériaux autorisés comme substituts aux plastiques ainsi que sur les allégations environnementales. “On ne peut dès lors que déplorer que la réglementation européenne soit aussi lacunaire : à part pour certains matériaux traditionnels (verre, certains plastiques), la réglementation ne définit pas de liste fermée de substances et additifs autorisés mais se contente de poser un principe général d'innocuité des matériaux utilisés par les fabricants de vaisselle et autres objets en contact avec les produits alimentaires”, dénonce l’association.
Enfin, l’UFC-Que Choisir met en garde contre l’argument phare de vente de ces produits : leurs prétendues vertus environnementales. “Profitant d’un encadrement européen trop laxiste des allégations vertes, les emballages mettent largement en avant leur caractère ‘compostable’ ou ‘biodégradable’. Pourtant, avec une telle présence de composés perfluorés, leur compostage (domestique ou industriel) aboutira à relâcher dans les sols ces substances particulièrement persistantes. Quant au recyclage, s’il est possible pour les produits en papier ou en carton, il n’en est pas de même pour la vaisselle en feuilles de palmier, bambou ou canne à sucre, dès lors que les produits sont traités avec un liant hydrophobe (pour assurer qu’ils ne se détrempent pas au contact des aliments).”