En 2017, des chercheurs israéliens craignaient une "extinction de l’espèce humaine", à cause de la diminution de la concentration en spermatozoïdes du sperme. Leurs travaux sont aujourd’hui remis en question par une autre équipe scientifique. Dans Human Fertility, ses autrices jugent que les "craintes croissantes sur le déclin du sperme humain dans les pays occidentaux serait exagérée". Selon elles, les conclusions de l’étude de 2017 sont scientifiquement et éthiquement problématiques.
Que dit l’étude aujourd’hui contestée ?
Les résultats aujourd’hui critiqués avaient été obtenus grâce à la méta-analyse d’environ 190 études réalisées entre 1973 et 2011. L’équipe de l’université de Jérusalem avait estimé que le nombre de spermatozoïdes présents dans le sperme avait été divisé par deux pendant cette période. "Si nous ne modifions pas notre mode de vie, notre environnement et notre exposition à ces molécules chimiques, je suis très inquiet de ce qui pourrait arriver dans le futur", avait déclaré le Dr Hagai Levine, principal auteur, à la BBC. Selon lui, les perturbateurs endocriniens, les pesticides, une alimentation trop grasse ou encore le tabagisme faisaient partie des facteurs explicatifs.
Une donnée à relativiser
Dans ces nouveaux travaux, les chercheuses n’ont trouvé aucune preuve scientifique d’un lien entre les résidus chimiques et une baisse du nombre de spermatozoïdes. Selon elles, rien ne prouve non plus qu’une plus faible quantité de spermatozoïdes soit associée à une réduction de la fertilité. "L’infertilité masculine est un phénomène biologique et social complexe, qui ne peut pas être compris uniquement par un décompte métrique des spermatozoïdes", précisent les chercheuses. "Une plus grande quantité de spermatozoïdes n’est pas nécessairement un indicateur de bonne santé ou de meilleure fertilité", ajoutent-elles.
Des biais idéologiques
D’un point de vue éthique, cette ancienne étude adopte une hiérarchie raciste et coloniale, selon ces nouvelles conclusions. "Elle catégorise les données entre les quantités de spermatozoïdes occidentales et le reste, expliquent-elles. Cette conception ne permet pas aux chercheurs d’examiner les différences entre les situations individuelles, selon les zones rurales ou urbaines, et ne met pas suffisamment en valeur le déséquilibre des données entre toutes les nations considérées comme ‘autres’." Les résultats de 2017 ont d’ailleurs été utilisés dans des discours suprémacistes et masculinistes, précise cette nouvelle étude. L’équipe de recherche suggère d’étudier une nouvelle donnée : la biovariabilité de la quantité de spermatozoïdes, pour permettre de prendre en compte plus d’informations importantes dans la compréhension de la qualité du sperme.