Attaquer le cancer sur tous les fronts. Voilà comment on pourrait résumer la recherche, publiée le 11 mai dans la revue Nature Communications, qui étudie la faisabilité d'un vaccin personnalisé contre le cancer. La combinaison de virus oncolytiques, qui sont des virus modifiés en laboratoire, et des peptides, qui sont de petites molécules synthétiques et spécifiques au cancer visé, a montré sa capacité à infecter et éliminer avec précision les cellules cancéreuses sans toucher aux cellules saines.
Une double-attaque contre le cancer
Cette technique, développée par des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM), permet d’attaquer le cancer par deux biais. D’abord avec les virus oncolytiques, qui visent à éliminer directement les cellules cancéreuses, puis avec des peptides synthétiques, qui incitent le système immunitaire à se joindre à la bataille contre les cellules infectées. “L’avantage de prendre des virus oncolytiques est que les virus eux-mêmes sont capables de directement cibler et détruire le cancer, poursuit Mme Bourgeois-Daigneault, qui est professeure au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l'Université de Montréal et membre de l’Institut du cancer de Montréal. Donc non seulement on a un vaccin qui induit une réponse immunitaire contre chaque cancer, mais on a aussi des virus qui vont directement cibler et détruire le cancer.” Cette technique a déjà fait ses preuves chez des souris qui présentaient des modèles de cancer du côlon et de mélanome.
Pour avoir une efficacité optimale, ce vaccin doit être personnalisé pour chaque patient, en fonction des mutations propres à chaque cellule cancéreuse. C’est donc une méthode différente que celle utilisée par exemple pour les vaccins contre la Covid-19, puisque dans le cas des cancers, le vaccin intervient après que le patient soit tombé malade et pas en prévention. “Le cancer, ce n’est pas comme une infection qui vient frapper et qui se développe très rapidement, qu’il faut éliminer très rapidement, a décrit la chercheuse. Le cancer est une maladie qui est souvent plus lente. Même s’il est déjà bien développé, on a quand même un certain laps de temps pour monter une réponse immunitaire.”
Identifier les mutations, le prochain défi
Un autre avantage de cette méthode est qu’elle ne nécessite aucune modification génétique des virus. Le mélanges des peptides synthétiques et des virus oncolytiques suffit et permet de cibler tous les cancers. “C’est une différence qui est quand même majeure et importante parce que ça permet d’avoir un traitement qui est disponible beaucoup plus rapidement et à moindre coût par rapport au design de nouveaux virus pour chaque patient”, se réjouit Mme Bourgeois-Daigneault.
Le principal défi auquel les chercheurs doivent désormais faire face concerne l’identification des mutations contre lesquelles on souhaite vacciner. Seulement quelques-unes des centaines de mutations qui caractérisent un cancer permettront de l’attaquer efficacement et de l’éradiquer. Des équipes scientifiques étudient actuellement cette question.