Qu’est-ce qui distingue un gardien de but comme l'international français Hugo Lloris d’un joueur semi-professionnel ou d’un amateur ? Des chercheurs de l'Institut des sciences du sport de l'université Tübingen (Allemagne) ont la réponse : leurs mouvements oculaires.
Alors que les Bleus vont entamer ce mercredi 26 mai leur préparation à Clairefontaine pour l’Euro 2021, qui débutera le 11 juin prochain, cette nouvelle étude nous éclaire sur le niveau d’acuité visuelle des gardiens de but chevronnés. Publiée dans la revue Plos One, elle montre que les "athlètes dans une catégorie de haute performance ont un niveau plus élevé d'habiletés perceptuelles et cognitives menant à une plus grande réussite dans leurs sports respectifs", et en particulier en football.
Des mouvements oculaires plus rapides chez les pros
Les chercheurs se sont concentrés sur les yeux des gardiens pour évaluer leur expertise car, selon eux, les mouvements oculaires démontrent l’importance des compétences perceptives, en particulier dans la prise de décision. Par exemple, un gardien expert sera plus à même de déterminer en quelques secondes l’attitude à adopter en cas d’accélération du jeu.
Ils se sont en revanche heurtés à une difficulté : celle de capter les mouvements oculaires très rapides lors du jeu. Ils ont pour cela utilisé des lunettes de réalité virtuelle permettant de simuler des stimuli sur 360° afin d’obtenir des mouvements oculaires similaires à ceux des joueurs sur un terrain de football. Ces mouvements ont été ensuite captés via un eye tracker, ou oculomètre. Ont participé à l’expérience 12 gardiens de but experts, s’entraînant plus de 8 heures par semaine et participant à des compétitions, 10 joueurs intermédiaires, c’est-à-dire évoluant en ligue régionale et s’entraînant au moins 4 heures par semaine, et enfin 13 amateurs n’ayant pas plus de deux ans d’expérience et n’ayant jamais participé à une compétition.
"Toutes les scènes ont été montrées du point de vue du même gardien de but et se sont terminées après la passe de retour à ce même gardien", détaille l’étude. Sur la base du comportement du regard de chaque joueur, les chercheurs ont ensuite classé leur expertise avec des techniques d'apprentissage automatique courantes.
Les résultats montrent que les mouvements oculaires contiennent "des caractéristiques très informatives et permettent ainsi un classement des gardiens de but entre trois niveaux d'expertise", à savoir la jeune élite, le joueur de ligue régionale et le novice, avec une précision élevée de 78,2%.
"Ces travaux soulignent l'importance de l'oculométrie et de l'apprentissage automatique dans la recherche sur l'expertise perceptive et ouvrent la voie au diagnostic perceptivo-cognitif ainsi qu'aux futurs systèmes de formation", concluent les chercheurs.