- Claquement de dents, bruits de salive ou de chewing-gum... Ces sons, insignifiants pour la plupart des Français, sont un supplice pour 15 % d'entre eux.
- Longtemps ignorée, cette affliction porte un nom : la misophonie, ce qui signifie littéralement "haine du son".
Une personne qui mange en faisant du bruit vous insupporte ? Sachez que vous souffrez de misophonie, et des chercheurs pensent avoir compris pourquoi.
"Un trouble dévastateur"
La misophonie est un trouble courant caractérisé par l'apparition d'émotions négatives fortes, telles que la colère et l'anxiété, en réponse à certains sons quotidiens, tels que ceux générés par des personnes qui mangent, boivent ou respirent. "La nature banale de ces sons déclencheurs fait de la misophonie un trouble dévastateur pour les personnes qui en souffrent et leurs familles", écrivent les scientifiques en préambule.
Après avoir testé 27 personnes, ils ont établi que la connexion entre la partie du cerveau qui traite les sons et la partie du cortex prémoteur, qui organise les mouvements des muscles de la bouche et de la gorge, serait plus forte chez les individus souffrant de misophonie.
Des cortexs particuliers
Les chercheurs, publiés dans The Journal of Neuroscience, ont ainsi démontré que, par rapport aux témoins, les personnes souffrant de misophonie ne présentent aucune différence dans les réponses du cortex auditif aux sons déclencheurs, mais qu'elles présentent :
- une plus forte connectivité par IRMr entre les cortex auditif et visuel et le cortex pré-moteur ventral responsable des mouvements orofaciaux ;
- une plus forte connectivité fonctionnelle entre le cortex auditif et l'aire motrice orofaciale pendant la perception des sons en général ;
- une plus forte activation de l'aire motrice orofaciale, spécifiquement, en réponse aux sons déclencheurs.
Vers de nouveaux traitements
"La misophonie est considérée depuis toujours comme un trouble du traitement des émotions sonores, dans lequel de "simples" sons de nourriture et de mastication produits par d'autres provoquent des réactions émotionnelles négatives", écrivent les auteurs de la recherche. Ils poursuivent : "nos données fournissent une perspective alternative mais complémentaire de la misophonie, qui met l'accent sur l'action de la personne déclencheuse plutôt que sur les sons".
Et de conclure : "ce changement de perspective a des conséquences importantes pour la conception de thérapies et de traitements de la misophonie. Il suggère qu'au lieu de se concentrer sur les sons, comme le font de nombreuses thérapies existantes, les traitements efficaces devraient cibler la représentation cérébrale du mouvement".