« Le conflit en Syrie mène à ce qui est sans doute l'une des pires crises humanitaires au monde depuis la fin de la guerre froide. On estime que 100 000 personnes ont été tuées, la plupart des civils, et de nombreux autres ont été blessés, torturé ou maltraité. » C’est un véritable cri d’alarme que lancent une cinquantaine de médecins du monde entier dans The Lancet.
15 000 médecins ont dû fuir à l'étranger
Dans une lettre ouverte signée par des grands noms de la médecine, comme le Pr Jules Hoffmann, prix Nobel de médecine 2011, le Pr Michel Kazatchkine, envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la lutte contre le sida en Europe de l'Est et en Asie centrale, ils dénoncent les agressions systématiques contre les professionnels de santé, les structures de soins et les malades. « Nous sommes consternés par le manque d' accès aux soins de santé pour les populations civiles touchées, et par le ciblage délibéré des installations médicales et du personnel », écrivent les auteurs qui rappellent des chiffres accablants : 37 % des hôpitaux syriens ont été détruits et 20% gravement endommagés. 469 professionnel de la santé sont actuellement emprisonnés, et environ 15 000 médecins ont été contraints de fuir à l'étranger, selon le Council on Foreign Relations. Par exemple, à Alep, sur les 5000 médecins qui exerçaient avant le début du conflit, seuls 36 sont restés…
Les malades chroniques abandonnés
Pour les auteurs, les « attaques délibérées » et « systématiques » placent le système de santé au point de rupture. Dans cette situation, « le nombre de personnes nécessitant une aide médicale augmente de façon exponentielle », écrivent les auteurs de l'appel.
Les patients aux prises avec des maladies chroniques, comme le cancer, le diabète, l'hypertension et les maladies cardiaques, qui nécessitent une assistance médicale à long terme, n'ont nulle part où se tourner pour obtenir des soins médicaux essentiels. La population syrienne est vulnérable aux épidémies d'hépatite, la typhoïde, le choléra et la dysenterie.
Les épidémies menacent
La lettre souligne que « le manque de médicaments a déjà aggravé l'épidémie de leishmaniose cutanée, une maladie de peau infectieuse grave qui peut entraîner une invalidité grave ». Le nombre de diarrhées aiguës augmente de manière alarmante. « Des organismes d'aide ont signalé en juin dernier une épidémie de rougeole qui balaie les districts de nord de la Syrie », poursuivent-ils. Dans certaines régions, les enfants nés depuis le début du conflit n'ont pas eu de vaccinations, ce qui signifie que les conditions d' une épidémie , qui n'ont aucun respect pour les frontières nationales, sont mûrs. Face à cette situation dramatique, les cinquante signataires appellent « toutes les parties armées à respecter les fonctions des professionnels de la santé et leur neutralité médicale ».