Les éléments qui montrent l'impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des Français se multiplient. Le dernier en date, un rapport publié le 27 mai par Epi-Phare, groupement d'intérêt scientifique formé par la Caisse Nationale d'Assurance Maladie et l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament. Les chiffres avancés par ce document parlent d'eux-mêmes : sur la période mars 2020-avril 2021, 190 000 nouveaux patients se sont vus prescrire des anxiolytiques ((+15,2%), 80 000 ont été amenés à consommer des hypnotiques pour traiter des troubles du sommeil ((+26,4%) et 120 000 ont été placés sous antidépresseurs (+23%) !
Si l'on prend en compte l'ensemble de la population, en intégrant donc des patients qui étaient déjà sous traitement de façon régulière ou occasionnelle, la délivrance d'antidépresseurs a augmenté de 1,9 million, celle des antipsychotiques de 440 000, celle des anxiolytiques de 3,4 millions et celle des hypnotiques de 1,4 million.
22% des Français dépressifs
Des volumes astronomiques qui correspondent malheureusement à la réalité de l'état de la santé mentale des Français. Le rapport d'Epi-Phare mentionne en effet également les données de l'enquête CoviPrev qui a été réalisée par Santé Publique France du 21 au 23 avril 2021. Cette enquête révèle que 22% des Français souffriraient d'un état dépressif, ce qui représente une proportion de douze points supérieure à la situation hors crise sanitaire. La même étude souligne que 22% de la population est touchée par l'anxiété, soit 8,5 points de plus que dans une situation normale, et que 64% des Français déclaraient rencontrer des problèmes de sommeil lors de la semaine précédent l'enquête. Pire, les pensées suicidaires auraient concerné 4% de la population au cours de l'année écoulée, une hausse de 4 points par rapport à ce qui été constaté avant la crise sanitaire.
Une montée des addictions
Et pour couronner ce bilan désastreux et inquiétant, le rapport d'Epi-Phare souligne que, par rapport à ce qui était attendu, 18 300 délivrances supplémentaires de médicaments pour lutter contre la dépendance à l'alcool ont été enregistrées.
Anxiété, dépression, troubles du sommeil et montée des addictions, le bilan hors Covid de la crise sanitaire est donc très lourd. "Cette augmentation reflète, sur le plan médical, l'impact psychologique majeur sur la population de l'épidémie de Covid-19 et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques", soulignent les auteurs du rapport d'Epi-Phare.