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Vaccination

Thromboses liées aux vaccins à adénovirus : une nouvelle explication mais encore des interrogations

Par Paul-Emile François

Des parties de la protéine du coronavirus portée par les vaccins à adénovirus et expulsées du noyau de la cellule visée pourraient être à l'origine des cas de thrombose.

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Les vaccins à adénovirus contre la Covid-19 ont provoqué de très rares cas de thromboses parfois mortelles
Des scientifiques allemands avancent une explication qui serait liée aux particularités des vaccins à adénovirus

Il aura suffi de 309 cas : les thromboses dont ont été victimes de très rares personnes parmi les 33 millions vaccinées en Grande Bretagne avec les produits d'AstraZeneca et de Janssen ont semé un début de panique et sérieusement perturbé les campagnes de vaccination organisées dans le monde entier pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. 

Dans la revue Research Square et à travers un article qui doit encore être validé par leurs pairs, des scientifiques allemands apportent leur explication à ces effets "indésirables" qui ont semé le doute sur la sécurité des deux vaccins à adénovirus : quand les gènes du virus intègrent le noyau des cellules qui déclenchent la réaction immunitaire, la protéine du SARS-CoV-2 portée par les vecteurs d'adénovirus se séparerait en plusieurs parties et ce sont ces parties de protéine, expulsées de la cellule cible, qui provoqueraient les thromboses.

Un effet propre aux vaccins à adénovirus

C'est la raison pour laquelle les graves réactions à la vaccination se sont produites uniquement avec les vaccins AstraZeneca et Janssen qui sont des vaccins à adénovirus. Les autres produits utilisés dans les campagnes de vaccination, ceux de Pfizer et de Moderna, fonctionnent à partir d'un autre processus : l'ARN messager transporte le matériel génétique du virus dans la cellule mais ne pénètre jamais dans le noyau.

Voilà pour l'explication. Et les scientifiques allemands avancent aussi la solution. Ils suggèrent qu'une modification de la séquence du gène codant pour la protéine de pointe afin de l'empêcher de se séparer en plusieurs parties supprimerait le risque de thrombose.

C'est une hypothèse qui, si elle demande à être validée et confirmée par d'autres scientifiques, fait au moins avancer le sujet puisque jusqu'à présent, en dehors de possibles erreurs commises au moment de l'injection qui auraient fait passer le vaccin directement dans les vaisseaux sanguins, rien, ne permettait d'expliquer les cas de thromboses dont 56 ont eu des conséquences fatales en Grande Bretagne.

Les Français n'ont plus confiance

Il faudra sans doute davantage de certitudes sur les véritables causes du problème avant que la confiance dans les deux vaccins à adénovirus concernés par des effets indésirables revienne dans le grand public. En France, alors que 100 000 primo-injections avec AstraZeneca avaient lieu chaque jour jusqu'à la mi-mars, on n'en compte plus actuellement qu'à peine 10 000. La conséquence étant notamment que 3 millions de doses de ce vaccin seraient actuellement stockées en France. Ce produit ne peut en effet plus être utilisé pour les moins de 55 ans alors que la campagne est pourtant aujourd'hui ouverte à tous les majeurs. Et les plus jeunes parmi ceux qui ont reçu une première injection avec un produit à adénovirus doivent, pour la deuxième dose, recevoir un vaccin à ARN messager.