En 2018, près de 60 000 cancers du sein ont été dépistés, selon le site de l’Assurance maladie. Il s'agit du cancer féminin le plus fréquent, qui représente également la première cause de mortalité chez la femme pour ce type de pathologies. Selon une récente étude, publiée dans la revue Medicine, les hormones contenues dans certains types de contraceptifs pourraient favoriser le développement de cette maladie.
Les contraceptifs contiennent des hormones de synthèse
Les contraceptifs hormonaux contiennent des hormones qui empêchent la grossesse. Il existe plusieurs types de pilules : oestroprogestative et progestative. Les premières sont composées d’oestrogènes et de progestérones, deux types d'hormones de synthèse qui imitent celles que le corps de la femme sécrète naturellement, notamment la progestérone pendant le cycle menstruel. Les secondes ne contiennent qu’un type d’hormones progestatives : soit celles appelées désogestrels, qui arrêtent l'ovulation en épaississant les sécrétions du col de l’utérus pour empêcher le passage de spermatozoïdes, soit le lévonorgestrel, qui permet l’ovulation mais épaissit la glaire du col de l’utérus pour que les spermatozoïdes ne puissent pas passer. Dans le premier cas, les femmes n’ont pas leurs règles.
Jusqu’à présent, peu d’études analysaient les effets des contraceptifs sur le sein
“Bien que nous sachions comment différents types de contraceptifs affectent le système cardiovasculaire, nous ne connaissons pas précisément leurs effets sur le sein, explique Cathrin Brisken, une des auteures de l’étude. Nous avons donc développé de nouvelles approches pour comparer les progestatifs les plus couramment utilisés dans différents contraceptifs hormonaux et avons été surpris de constater que certains d'entre eux stimulent la prolifération cellulaire dans le sein alors que d'autres ne le font pas". Le but des chercheurs était d'analyser les différents effets biologiques des progestatifs de synthèse sur le tissu mammaire appelé épithélium mammaire.
Les progestatifs aux propriétés androgènes sont plus à risque
Les scientifiques ont observé une différence fondamentale entre les différents types de progestatifs : certains ont des propriétés androgènes. Ce terme désigne les hormones qui stimulent le développement de caractéristiques masculines - comme les poils, la masse musculaire, etc - en se liant aux récepteurs androgènes. Mais ces hormones servent également à la production de testostérone, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Grâce à leurs travaux, les chercheurs ont découvert que les progestatifs androgènes stimulent une protéine nommée Rankl, qui influence la prolifération cellulaire dans l'épithélium mammaire. Cet effet n'a pas été observé avec les progestatifs n’ayant pas de propriétés androgènes. Ils en ont ainsi conclu que seuls les progestatifs androgéniques favorisaient la prolifération cellulaire dans le tissu mammaire. “L'exposition de l’épithélium mammaire humain à des progestatifs androgéniques pendant de longues périodes a provoqué une hyperprolifération et des changements dans les cellules qui sont associés à des lésions précoces et pré-malignes, au moins dans les épithéliums mammaires humains xénogreffés", explique Fabio De Martino, l’un des auteurs. En effet, pour le moment, les chercheurs n’ont pu mener leurs travaux que sur des souris à qui ils ont greffé des cellules épithéliales mammaires humaines.
Cette étude prouve donc que les contraceptifs contenants des progestatifs n’ayant pas de propriétés androgènes sont préférables, car les risques de développer un cancer du sein sont moins importants. "Il serait possible de prévenir le cancer du sein associé à la contraception en faisant de meilleurs choix, prenant en compte la composition moléculaire d'un contraceptif", conclut Cathrin Brisken.