Renouveler un traitement chez un pharmacien sans passer par la consultation du médecin traitant pour qu'il délivre une nouvelle ordonnance, c'est désormais possible. C'est tout l'intérêt de disposer d'un "pharmacien correspondant", un dispositif qui vient d'être précisé par un décret paru le 30 mai au Journal Officiel.
Mais attention, si cette pratique qui a pour objectif d'améliorer la prise en charge des maladies chroniques est possible, elle est aussi sérieusement encadrée. Le pharmacien correspondant, comment cela marche ?
1- Qui est le pharmacien correspondant ?
Ce professionnel de santé que le patient peut choisir en informant l'Assurance maladie doit être "pharmacien titulaire d'officine ou gérant d'une pharmacie mutualiste". Mais surtout, il doit appartenir à la même équipe de soins primaires (ESP) que le médecin traitant. C'est à dire qu'il doit faire partie d'un groupement de professionnels de santé dont la constitution (le plus souvent sous la forme d'une simple association) et l'action reposent sur un projet de santé partagé.
2 - Quelles relations entre le patient et le pharmacien correspondant ?
Le patient peut demander à son pharmacien correspondant le renouvellement d'un traitement chronique et même son ajustement (par exemple en matière de posologie) sans avoir besoin de présenter une nouvelle ordonnance et cela dans la limite d'une année. Mais l'ordonnance initiale délivrée par le médecin traitant devra comporter la mention de cette possibilité de renouvellement. En cas d'ajustement d'un traitement, le pharmacien doit en informer le médecin traitant.
3 - Chaque patient chronique doit-il avoir un pharmacien correspondant ?
Contrairement au médecin traitant que doit avoir chaque patient pour bénéficier d'une prise en charge normale par l'Assurance Maladie, il n'y a aucune obligation pour le patient d'avoir un pharmacien correspondant ni aucune pénalité en matière de remboursement.
4 - Comment cette pratique est accueillie par les professionnels de santé ?
Le pharmacien correspondant est un pas de plus dans la "délégation de tâches" qui vise à soulager les médecins pour qu'ils aient davantage de temps à consacrer au vrai "temps médical" et pour faciliter une meilleure prise en charge des patients. "L'intégration du pharmacien dans le parcours de soins se consolide avec ce dispositif", s'est réjoui dans Le Figaro le vice-président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Renaud Nadjahi, en considérant que cette pratique renforçait le rôle de "soignant" du pharmacien. En revanche, les médecins sont réservés, notamment sur la possibilité donnée au pharmacien correspondant d'adapter les traitements. "Chacun a un coeur de métier qui doit être respecté ! Adapter une posologie est une décision médicale", a souligné, lui aussi dans Le Figaro, Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, le principal syndicat de médecins libéraux.