Les yeux sont la seule partie visible du cerveau. En conséquence, les observer permet de donner des indications comme l’ont récemment montré certains chercheurs qui ont suggéré que la taille des pupilles informe sur le niveau de confiance de son interlocuteur. Dans une nouvelle recherche, publiée le 10 mars dans la revue Science Direct, des scientifiques américains du Georgia Institute of Technology avancent que les pupilles pourraient également déterminer le niveau intellectuel.
Une première étude avec les mêmes conclusions en 2016
Ce n’est pas la première fois que les chercheurs ont étudié la corrélation entre les yeux et l’intelligence. En 2016, déjà, ils ont révélé, après avoir mené des tests de raisonnement, d’attention et de mémorisation, que les personnes aux pupilles plus grandes ont des capacités cognitives plus élevées. Ils ont même constaté que la différence de taille de pupille entre les personnes ayant le mieux réussi les tests et les personnes ayant obtenu les résultats les plus faibles était suffisamment importante pour être décelée à l’œil nu. Après avoir publié leurs résultats dans la revue Cognitive Psychology, leurs travaux ont essuyé de nombreuses critiques. Sur de leur coup, les chercheurs ont lancé de nouvelles expériences pour prouver leurs résultats.
Pour ces nouveaux travaux, les chercheurs ont recruté plus de 500 personnes âgées de 18 à 35 ans. Ils ont utilisé un eye tracker, ou oculomètre, pour mesurer le diamètre des pupilles. Cet outil permet de capturer la réflexion de la lumière sur la pupille et la cornée à l’aide d’une caméra haute précision pour déterminer où et comment une personne regarde. Les premières mesures ont été réalisées alors que les participants regardaient un écran d’ordinateur vide pendant quelques minutes. Ensuite, les autres mesures ont été effectuées pendant que les participants menaient une série de tests cognitifs. Les chercheurs ont veillé à garder une faible luminosité afin que la lumière n’entraîne pas un rétrécissement de leurs pupilles. Ces tests visaient à mesurer trois composantes différentes de l’intelligence : l’intelligence fluide, soit la capacité de raisonner face à de nouveaux problèmes ; la mémoire de travail, soit la capacité à se souvenir d’informations sur une certaine période de temps ; et le contrôle de l’attention, soit la capacité à rester concentré malgré d’éventuelles distractions et interférences.
Le locus cœruleus, zone cérébrale clé
Les résultats ont suggéré que plus les participants avaient une grande pupille plus leur score au test d’intelligence fluide et au contrôle de l’attention était élevé. La corrélation avec la mémoire de travail était quant à elle moins marquée. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté que le diamètre de la pupille diminuait avec l’âge mais que la relation entre la taille de la pupille et les capacités cognitives était la même, quel que soit l’âge.
Pour les chercheurs ces résultats valident ceux de leur précédente étude et consolident leur suggestion du lien entre la taille de la pupille et l’intelligence. Selon eux, cela serait lié à l’activité du locus cœruleus, un noyau sous-cortical du cerveau, situé dans le tronc cérébral. Cette zone contient un très grand nombre de connexions neuronales avec le reste du cerveau et assurerait la liaison entre les régions cérébrales éloignées les unes des autres pour qu’elles puissent travailler ensemble. Cette coordination passe par la libération de la noradrénaline, une substance qui agit à la fois comme neurotransmetteur et comme une hormone. Celle-ci permet de réguler la perception, l’attention, l’apprentissage et la mémoire. Par ailleurs, ce processus est également impliqué dans certaines émotions (stress, peur, anxiété) ou encore dans le cycle veille-sommeil.
La taille des pupilles serait révélatrice d’une meilleure régulation et coordination de l’activité cérébrale par le locus cœruleus. Cette meilleure coordination étant un indicateur de performances cognitives améliorées, c’est par ce biais que la taille des pupilles serait révélatrice de l’intelligence fluide et du contrôle de l’attention. Les chercheurs soulignent que de plus amples études doivent être menées pour préciser ce lien.