- L’hallux valgus débute souvent entre 40 et 50 ans et touche majoritairement les femmes (90 à 95% des cas).
- 30 % de la population âgée et 2 % des enfants ont un hallux valgus en France.
Pourquoi docteur - Qu’est-ce que l’hallux valgus ?
Dr Régis Gamain - L'hallux valgus est la pathologie la plus fréquente de l'avant-pied et toucherait un peu moins d'une personne sur dix en France. Appelé aussi "oignon", elle consiste en une déviation vers l'extérieur de l'articulation du gros orteil. L'os appelé "premier métatarsien" se déplace à l'opposé du gros orteil vers l'intérieur du pied et l'articulation entre le métatarsien et la première phalange du gros orteil (articulation métatarso-phalangienne) devient très saillante, formant une bosse sur le bord interne de l'avant pied, d'où le nom "d'oignon". Cette déviation du gros orteil entraîne donc une déformation de l'avant-pied et, par conséquent, des difficultés de chaussage.
Si l'hallux valgus peut être indolore, il peut aussi s’aggraver avec le temps et devenir douloureux à la marche. La gêne au chaussage constitue souvent la première difficulté rapportée par les patients. Cette pathologie peut aller jusqu’à entraîner des troubles de l’équilibre voire des chutes, notamment chez les personnes âgées. Elle peut aussi être responsable de la déformation des autres petits orteils à cause de la pression du gros orteil.
S’agit-il d’une pathologie de plus en plus fréquente ?
Il y a globalement une évolution du nombre de cas car les personnes consultent davantage. Il existe une très forte prévalence à l’échelle mondiale évaluée à près de 23% de personnes de moins de 65 ans atteintes d’hallux valgus. Un chiffre qui atteint même les 35% pour les personnes de plus de 65 ans. Ces chiffres sont toutefois à relativiser : ils recensent tous les patients ayant une déformation, mais ces déformations ne sont pas forcément à l’origine de douleurs ou de pathologies.
Quelles sont les causes de cette malformation ?
Les causes d’un hallux valgus sont multiples. Elles peuvent être :
- de nature anatomique (pieds plats, anomalies de l’arrière du pied…) ;
- liées au chaussage (chaussures pointues, étroites, rigides…) ;
- à des pathologies inflammatoires (liées aux articulations) ;
- ou encore à des traumatismes suite à un accident (fractures…).
Existe-t-il plusieurs formes d’hallux valgus ?
On distingue 3 formes principales d’hallux valgus qui interviennent à différents âges de la vie :
- l’hallux valgus congénital (dès la naissance) qui est souvent lié à des syndromes malformatifs.
- l’hallux valgus juvénile (durant l’enfance) qui touche très largement les femmes, avec des formes sévères et bilatérales (les deux pieds sont touchés).
- l’hallux valgus acquis (à partir de l’adolescence) d’origine multiple qui est notamment lié à un chaussage mal adapté.
Il est par ailleurs à noter qu’il peut rester longtemps asymptomatique et n’entraîner ainsi aucune douleur.
Quand faut-il consulter ?
Il convient de consulter un chirurgien orthopédique dès que l’on observe une quelconque déformation. Il est recommandé aux patients qui ont un hallux valgus de faire une évaluation chirurgicale avec une radiographie pour déterminer le degré de sévérité de leur pathologie.
L’hallux valgus est léger quand l’angle de la déviation est inférieur à 20°, modéré quand il est compris entre 20 et 40° et sévère quand il est supérieur à 40°. Une fois cette évaluation effectuée, le chirurgien orthopédique peut réorienter le patient vers le meilleur parcours de soins.
Quels sont les traitements possibles ?
Les traitements à envisager dépendent du degré de sévérité de l’hallux valgus. Le recours à la chirurgie n’est pas toujours nécessaire et ne doit pas être utilisé pour faire de la prévention.
Le premier traitement est dit « conservateur » :
- cela peut consister simplement en une correction du chaussage (une chaussure avec un bon maintien, plus large et avec des talons inférieurs à 5cm).
- le port de semelle pour les pieds plats peut aussi aider à corriger la déformation.
- faire de la rééducation avec des massages constitue par ailleurs un moyen de tonifier et assouplir certains muscles du pied.
- les soins de pédicures sont également utiles pour traiter les problèmes cutanés que peut engendrer un hallux valgus (durillon plantaire, callosité).
- des contentions souples à mettre dans le chaussage.
- enfin, lors de poussées inflammatoires, il est possible de prescrire des médicaments antalgiques et anti-inflammatoires pour soulager la douleur. En effet, l’évolution de l’hallux valgus ne se fait pas de manière linéaire ; des pics douloureux peuvent parfois survenir.
L’ensemble de ces traitements peut permettre d’éviter le recours à la chirurgie et d’améliorer le quotidien des patients qui en sont à un stade précoce.
Quand faut-il recourir à la chirurgie ?
Un hallux valgus qui devient chirurgical est un hallux valgus qui est documenté (mesuré) et qui présente des symptômes cliniques persistants malgré un traitement médical conservateur bien conduit. Quand le patient souffre de douleurs persistantes et invalidantes, il peut être pris en charge chirurgicalement dans la mesure où cela devient le seul traitement efficace à ce stade. Le but sera alors de réaligner le gros orteil pour supprimer la douleur et lui redonner son rôle propulseur à la marche.
Comment se déroule l’opération chirurgicale ?
L’intervention dure généralement moins d’une heure et peut se pratiquer sous anesthésie loco-régionale. Les suites opératoires sont peu douloureuses, le patient est vite opérationnel et peut remarcher tout de suite grâce à une chaussure spécifique qui le protège en général pendant 5 à 6 semaines.
Les résultats d’une opération chirurgicale sont-ils satisfaisants ?
L’opération est globalement très réussie, il y a plus de 90% de retours positifs de la part des patients opérés. En revanche, il peut y avoir des récidives si les patients ne tiennent pas compte des problèmes qui les ont conduits à être opérés.
Des progrès sont-ils en cours concernant la chirurgie de l’hallux valgus ?
Il y a des évolutions visant à rendre la chirurgie la moins invasive et la moins pénible possible. Les implants chirurgicaux sont sans cesse améliorés en fonction des études scientifiques. La radioscopie portative permet par exemple une chirurgie mini invasive ou percutanée. Autre exemple : l’amélioration du confort du patient en salle d’opération est désormais obtenue par des casques de réalité virtuelle et de la musique.