Il n’y a aucun traitement, quelques espoirs encore trop éloignés, et pourtant les Français veulent savoir. Interrogées par TNS Sofres dans le cadre de l’université d’été Alzheimer qui s’ouvre aujourd’hui à Lille, 9 personnes sur dix seraient prêtes à réaliser un test prédictif -qui n’existe pas aujourd’hui- pour savoir si elles vont ou non développer la maladie. « Le pire, c’est d’être dans l’incertitude », analyse le Pr Florence Pasquier dans les colonnes du journal Le Monde. Comme ses confères, cette neurologue du CHRU de Lille voit défiler dans sa consultation de plus en plus de gens inquiets par les premiers troubles de la mémoire.
Il est vrai que la maladie fait partie de notre environnement. Un parent, une tante, plus d’un quart des sondés affirment connaître une personne atteinte. Entre 2007 et 2010, rappelle la journaliste Laetitia Clavreul, le nombre de patients pris en charge en affection de longue durée ou d’autres démences a progressé de 14,6%. Entre 750 000 et 1 million de malades seraient touchés.
Ce besoin de savoir révélé par le sondage est le signe d’une société de plus en plus médicalisée, commente Emmanuel Hirsch, directeur de l'Espace national de réflexion éthique sur la maladie d'Alzheimer. Pour l’organisateur des universités d’été, les Français ne font pas confiance à la puissance publique pour aborder « la montée en puissance des dépendances ». Alors, ils veulent se préparer à cette éventualité.
Comment faire face à la maladie, notamment financièrement, comment préparer les proches et mieux profiter de la vie, autant de questions qui résonnent et qui justifient ce désir de pouvoir anticiper. Mais attention, prévient Emmanuel Hirsch dans le quotidien, ce savoir « peut provoquer un traumatisme profond, et tout le monde n'a pas le pouvoir, on l'a vu avec le sida, de réussir à ce que l'existence ne soit alors pas minée ».