- Selon une hypothèse anthropologique répandue, c'est la naissance de l’agriculture il y a 10 000 ans qui aurait entraîné, grâce à la sélection naturelle, une similitude physique entre femmes et hommes.
- En passant au crible les données génomiques d'environ 194 000 femmes et 167 000 hommes, les généticiens ont constaté que cette hypothèse ne se vérifiait pas.
- Au cours des 3 000 dernières années, aucune variation génétique ne s'est retrouvée dans une plus grande mesure chez les femmes ou les hommes, hormis celle d'une masse grasse plus importante chez les femmes.
Est-ce la naissance l’agriculture qui a rapproché, il y a de ça 10 000 ans, les femmes et les hommes ? Dans le monde scientifique, cette hypothèse est depuis longtemps majoritaire. Selon les chercheurs, la "révolution néolothique", qui a eu lieu environ 8 000 ans avant J.-C., aussi appelée "première révolution agricole", aurait créé une pression évolutive qui a poussé les hommes et les femmes à devenir plus semblables. En se mettant à cultiver des céréales et à élever des animaux comme les bœufs et les moutons, les humains auraient eu moins besoin de chasser et de cueillir : femmes et hommes se seraient alors mis à plus se ressembler.
Cependant, une nouvelle analyse évolutionniste et génomique réalisée par l'université d'État de Pennsylvanie, et publiée dans la revue PLOS Genetics, n’a trouvé aucune preuve étayant cette hypothèse.
Pas de variations génomiques courantes
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont cherché à savoir si c’était bien l’agriculture qui avait entraîné, grâce à la sélection naturelle, une similitude physique entre femmes et hommes. Pour cela, ils ont vérifié si les variations génétiques liées à certains traits physiques à un degré plus élevé chez les hommes ou les femmes sont devenues plus ou moins courantes au cours des 3 000 dernières années.
Ils ont utilisé données génomiques d'environ 194 000 femmes et 167 000 hommes de la UK Biobank pour examiner la taille, la masse corporelle, le tour de hanches, le pourcentage de graisse corporelle et le tour de taille des sujets. Ils ont ainsi découvert qu’il existait plus de 3 000 variations du génome humain liées à ces caractéristiques dans une plus grande mesure chez les femmes ou les hommes. Toutefois, seules les variations associées à l'un des traits sont devenues significativement plus courantes, à savoir celles associées à une masse grasse plus importante chez les femmes.
Dans l'ensemble, ces résultats contredisent donc l'idée de longue date selon laquelle les différences entre les sexes se sont atténuées sous l'effet de la sélection naturelle depuis que les humains sont passés de la chasse et de la cueillette à l'agriculture. Selon les chercheurs, cette étude démontre bien l’intérêt des approches génomiques pour tester des hypothèses anthropologiques.