- Les calories mises à disposition des animaux d’élevage rapportent peu de calories en retour à l’humain.
- Le besoin en terres cultivées pourrait ainsi augmenter de 15% en 2050 par rapport à 2010.
- Il faut trouver des solutions alternatives telles que les produits forestiers comme les champignons, le miel, les graines ou encore les insectes.
En 2050, la population mondiale devrait dépasser les 9 milliards d’habitants, et pourquoi pas dépasser les 10 milliards d’ici à 2100. Nourrir tout le monde va devenir, si ce n’est pas déjà le cas, un enjeu majeur. En juin 2020, le journal NS Public Health Nutrition a confirmé que pour réussir cet objectif il sera nécessaire de réduire la consommation mondiale de produits carnés.
Réduire les pertes et le gaspillage
Cette étude met en évidence les calories apportées par les animaux d’élevage par rapport à celles qui leur sont mises à disposition. Il apparaît que ces derniers rapportent peu de calories à l’Homme. En effet, pour 100 calories de céréales mises à disposition des animaux, les humais ne récupèrent que 40 nouvelles calories de lait, 22 calories d'œufs, 12 de poulet, 10 de porc ou 3 de bœuf. À long terme, vouloir se reposer sur un tel système pour nourrir une population de plus en plus importante n’est pas viable.
En outre, pour nourrir ces bêtes, de plus en plus de terres agricoles sont nécessaires à mesure que la demande mondiale augmente. Le besoin en terres cultivées pourrait ainsi augmenter de 15% en 2050 par rapport à 2010, selon Philippe Mauguin, le directeur de l’Institut nationale de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). “Dans cette perspective, les recherches portent sur la réduction des pertes après récolte dans les pays du Sud et du gaspillage alimentaire dans les pays développés”, a-t-il indiqué aux Échos en février 2020.
Les insectes, une option
Pour l’INRAE, la solution est dans la transformation des habitudes alimentaires pour sortir de la dépendance à la viande actuelle et rendre les protéines végétales plus attractives. “Le développement des légumineuses comme la luzerne ou la féverole est aussi une priorité pour nos élevages, afin de réduire notre dépendance en protéines et l'importation de soja qui contribue à la déforestation de l’Amazonie”, a souligné Philippe Mauguin. Pour lui, la viande de synthèse, avancée par certains comme une parade au problème de l’augmentation démographique, n’est pas une option qui fonctionne. “Je ne crois pas au développement de la production à grande échelle de viande de synthèse, dont le bilan écologique est contesté. Nous avons besoin d'élevages pour une agriculture durable dans nos territoires”, a-t-il plaidé.
Pour lutter contre l’insécurité alimentaire, chacun a sa méthode. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) plaide pour une meilleure prise en compte de nos ressources. Dans un rapport de 2013, elle insistait sur le rôle des produits forestiers dans la lutte contre la faim. Par produits forestiers, elle n’entend pas que les champignons, le miel et les graines, mais aussi les insectes. “Ils constituent une source majeure et facilement accessible d'aliments nutritifs et riches en protéines issus des forêts”, précise le texte.
Environ deux milliards de personnes en consommeraient sur la planète. Riches en protéines et en lipides, ils pourraient jouer un rôle primordial dans la réduction des famines. Leur élevage serait aussi moins coûteux écologiquement : “En moyenne, les insectes consomment seulement 2 kg de nourriture pour produire 1 kilo de viande d'insecte. Le bétail, à l'autre bout du spectre, nécessite 8 kg de nourriture pour produire 1 kg de viande.” Il y aurait plus d’un million d’espèces connues d’insectes dans le monde, soit une infinité de possibilités pour les repas du futur !