Les métastases sont des cellules cancéreuses, qui se sont séparées de la tumeur pour migrer vers d’autres parties du corps, où elles se sont installées. Il s’agit d’une complication du cancer, qui doit être prise en charge rapidement. Pourtant, les scientifiques savent aujourd’hui peu de chose sur la formation des métastases, pointe Kamen Simeonov, étudiant à l’université de Pennsylvanie. Il a co-dirigé une recherche sur le développement de ces cellules cancéreuses afin de mieux comprendre leur formation. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue spécialisée Cancer Cell.
Une étude basée sur les ciseaux génétiques
"Les scientifiques ont identifié des centaines de mutations génétiques associées à la transformation de cellules saines en cellules cancéreuses, mais ils n’ont pas réussi à identifier les mutations qui transforment les cellules cancéreuses en métastases", souligne l’équipe de recherche. L’une des hypothèses est que le phénomène repose sur une multitude de facteurs, difficiles à identifier individuellement. Dans ces travaux, les scientifiques ont utilisé la méthode CRISPR/Cas9, appelée parfois les ciseaux génétiques. Cela leur a permis d’analyser la génétique des cellules cancéreuses après qu’elles aient métastasé. Au total, ils ont observé près de 28 000 cellules cancéreuses, et ont identifié quels gènes étaient activés au moment de leur métastase.
Quel est le lignage génétique des métastases ?
Grâce à des souris de laboratoire, les chercheurs américains ont observé comment les cellules cancéreuses évoluent. Ils ont constaté que celles devenant métastatiques par la suite, partagent un même lignage génétique. "Nous avons réussi à utiliser ce traçage du lignage pour trier les cellules en fonction de leur niveau métastatique, puis pour relier ces différences à des changements d’expression génétique", développe le co-auteur de cette étude. Les métastases ne seraient pas uniquement le résultat de mutations génétiques, mais leur capacité à métastaser serait perceptible directement dans l’ARN des cellules.
Un "clone dominant"
Ils constatent qu’elles partagent toutes des caractéristiques communes. Les scientifiques parlent d’un "clone dominant". Celui-ci active des gènes associés à la transition épithélio-mésenchymateuse, un processus de transformation des cellules, soupçonné d’être la cause de l’agressivité des tumeurs. Les cellules les plus agressives observées chez ces souris partageaient des caractéristiques génétiques communes avec celles liés au cancer chez l’humain. L’un des clones les plus agressifs présentait une surexpression d’une famille de gènes responsable de certaines caractéristiques du cancer comme la migration des cellules et leur capacité à sortir et entrer dans les vaisseaux sanguins. "L’expression de cette famille génétique semble (…) renforcer la capacité à métastaser", indique Kamen Simeonov. Cette étude n'est qu'une étape de ses travaux sur les métastases. "Nous espérons que notre approche permettra de répondre à des questions restées sans réponse jusqu’alors", conclut-il.