« Cette étude fournit une nouvelle raison de s’inquiéter de l’utilisation des antibiotiques chez l’animal et donne un argument pour la restreindre ». Pour la première fois, une étude menée en Pennsylvanie et soulignée par une publication et un éditorial dans la revue JAMA Internal Medicine fait le lien entre le lisier de porc et les infections par staphylocoque doré résistant à la méticilline (Sarm), l’une des souches bactériennes multirésistantes aux antibiotiques les plus préoccupantes actuellement.
Sachant que 75% des antibiotiques administrés aux animaux se retrouvent dans le lisier, très souvent utilisé comme engrais, cette équipe de chercheurs de Baltimore s’est préoccupée des personnes vivant à proximité de champs où se pratique l’épandage. Ils ont constaté que leur risque d’infection par un staphylocoque doré résistant à la méticilline (Sarm) est augmenté de 38% et leur risque d’infection bactérienne de la peau ou des tissus mous également augmenté de 37%.
« Nos résultats suggèrent qu’approximativement 11% des infections par Sarm et des cas d’infection de la peau ou des tissus mous dans la population étudiée seraient attribuables à l’épandage de lisier de porc dans les champs », estiment les auteurs. Ils observent la même tendance mais moins marquée pour les personnes vivant à proximité d’élevages de porcs.
Les auteurs ne peuvent pas encore expliquer par quel biais les individus sont infectés mais ils soulignent que d’autres études ont déjà détectées des bactéries multirésistantes dans l’air à proximité d’élevages.
La publication de cette étude intervient au moment où paraît en France un rapport sur « l’encadrement des pratiques commerciales pouvant influer sur la prescription des antibiotiques vétérinaires ». Dans ce document, l’Inspection générale des affaires sociales, l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux préconisent notamment d’interdire les remises attribuées par les fabricants d’antibiotiques aux vétérinaires qui en prescrivent et en vendent beaucoup.
Les vétérinaires sont en effet en situation de conflit d’intérêts, puisqu’ils assurent à la fois la prescription et la vente des médicaments. Mais l’idée de leur retirer l’activité de vente de médicaments est pour le moment écartée faute d’efficacité dans d’autres pays. En revanche, une « loi anti-cadeaux » est à l’étude, à l’instar de celle qui encadre les relations entre médecins et industrie pharmaceutique.