- Les tueries de masse sont en augmentation de 65% aux États-Unis.
- 20% des Français sont atteints d'une maladie mentale.
Le 4 avril 2017, Sarah Halimi, une sexagénaire de confession juive, est assassinée chez elle par son voisin, Kobili Traoré. Lors du procès, il sera jugé pénalement irresponsable en raison des bouffées délirantes dont il souffrait au moment des faits. Quelle est l’importance des troubles psychiatriques dans la violence ? Cette question a été posée par une équipe de recherche américaine. Dans Journal of Clinical Psychopharmacology, elle s’est intéressée aux liens entre tueries de masse et maladie psychiatrique. Ces événements sont caractérisés par la présence d’au moins quatre personnes blessées ou tuées, en dehors de l’auteur des actes.
Bipolarité, schizophrénie et d'autres troubles non-identifiés
Selon le site américain Gun Violence Archive, il y a eu 272 tueries de masse depuis le 1er janvier 2021 aux États-Unis. Depuis le déconfinement, le pays est confronté à une hausse de ces crimes sans précédent. Il existe des bases de données où tous les cas sont enregistrés. L’une d’elles a été la base de cette recherche : elle couvre la période allant de 1982 jusqu’à 2021.
"Dans la grande majorité des cas identifiés dans la base de données, l’auteur est mort pendant la tuerie, ou rapidement après", soulignent les chercheurs. Ils se sont donc intéressés à 35 cas où le tueur était en vie et a pu être poursuivi par la justice. Pour chacun d’eux, les scientifiques ont passé en revue les enregistrements disponibles, et ils ont parfois interrogé les psychiatres qui avaient examiné l’assaillant. "32 des 35 auteurs avaient des signes et des symptômes de maladie mentale, ce qui remplit les conditions du diagnostic scientifique des troubles psychiatriques cliniques", précise Ira D.Glick, l’un des auteurs de cette étude. La majeure partie d’entre eux souffrait de schizophrénie, les autres de troubles bipolaires, de la personnalité ou liés à l’usage de substances. "Aucun d’entre eux n’avait reçu de traitement avant le crime", ajoute-t-il.
Une absence de traitement médical
Pour approfondir leurs recherches, les scientifiques ont travaillé sur 20 autres tueries de masse, dans lesquelles l’auteur est décédé sur le lieu du crime. Pour ces différents cas, ils possédaient des informations sur le profil du tueur. Huit assaillants souffraient de schizophrénie, sept étaient atteints d’autres troubles psychiatriques et cinq n’avaient pas reçu de diagnostic précis pour leurs troubles. Une nouvelle fois, les chercheurs ont constaté qu’aucun d’entre eux n’était sous traitement médical.
Lutter contre la stigmatisation des troubles psychiatriques
Les chercheurs appellent à ne pas perdre de vue l’idée que toutes les personnes violentes ne sont pas atteintes de maladie mentales, et que toutes les personnes souffrant d’une maladie mentale ne sont pas violentes. "Notre message est que les professionnels en charge de la santé mentale, les avocats, le public devraient être informés du fait que certains patients, non soignés, ont un risque accru de violence", souligne Ira D. Glick. Il estime primordial de lutter contre les clichés sur la santé mentale pour permettre une meilleure prise en charge et ainsi "sauver des vies".