L’appréciation d’une chambre repose généralement sur un critère : le calme, condition essentielle à un sommeil réparateur. À l’hôpital, il faudrait plutôt prêter attention à son emplacement. Selon une étude parue dans Manufacturing & Service Operations Management, les soins varient selon l’endroit où la chambre se situe.
Son autrice, Lesley Meng, a eu l’idée de travailler sur ce sujet après avoir échangé avec des membres du personnel hospitalier d’un service d’urgences. Elle a découvert que les badges qu’ils portaient étaient équipés de balises de localisation infrarouges. Toutes les six secondes, elles envoient un signal permettant de détecter la localisation du praticien dans le service d’urgence. Ces informations ont été utilisées par Lesley Meng et son équipe pour observer comment les infirmières organisaient leurs déplacements entre les différentes chambres, et l’impact que cela avait sur la prise en charge des patients.
Huit kilomètres par jour dans les couloirs de l’hôpital
Au total, l’expérience a duré cinq mois, pendant lesquels les 217 infirmières recrutées pour l’étude ont pris en charge près de 30 000 patients. En moyenne, chacune d’elles effectuait 8 kilomètres par jour. Les scientifiques se sont demandé si elles avaient tendance à supprimer les trajets inutiles, comment, et si elles rendaient moins visite aux patients situés dans des chambres éloignées.
"La principale information, qui est un soulagement, est que les infirmières font du super boulot, commente Lesley Meng. Elles répartissent leur temps de manière totalement équitable." Quel que soit l’endroit où se trouvent les chambres, les patients ont le même temps de soin, mais "il est délivré de manière différente".
Une qualité de soin similaire, mais un ressenti différent
Les chambres les plus éloignées sont moins fréquemment visitées par les infirmières, mais pour une durée plus longue : selon les chercheurs, les soignantes tendent à réaliser plusieurs tâches en même temps. En termes de chiffres, les chambres les plus éloignées du poste de soin des infirmières avaient en moyenne 50% de visite en moins, mais les visites étaient 50% plus longues, soit une minute de plus. Ces différences n’avaient aucun impact sur la qualité des soins.
"Quelle soit la chambre dans laquelle se trouvait les patients, les infirmières en prenaient bien soin", précise la scientifique. En revanche, les patients s’impatientaient davantage lorsqu’ils se trouvaient dans les chambres les plus éloignées. Les chercheurs ont observé qu’ils avaient tendance à utiliser davantage leur bouton d’appel, ce qui est associé à une "baisse de la satisfaction" et de la "qualité de service ressentie". Pour améliorer le ressenti des patients, Lesley Meng et son équipe suggèrent de mieux les informer. "Il se passe beaucoup de choses lorsque le soignant est absent - votre sang est analysé, un radiologue examine votre radio, précise l’autrice. S’il y a une manière de fournir cette information aux patients, cela pourrait réduire leur impatience ou leur insatisfaction."