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Baisse des dons ?

Loi bioéthique : "la levée de l’anonymat des donneurs de gamètes risque d’affecter l’accès à la PMA pour toutes"

Par Mathilde Debry

Malgré l'opposition de la droite, l'Assemblée nationale a voté à nouveau l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, mesure phare du projet de loi bioéthique examiné en nouvelle lecture mardi 8 juin, avant son adoption définitive le 29 juin.

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Alors que près de 80 % des Français en âge de faire un don de gamètes révèlent être prêts à passer à l'action, seulement 0,007 % sautent le pas aujourd'hui.

La grande majorité des Français refuseraient de faire un don de gamètes si leur identité était révélée au 18 ans de l'enfant conçu grâce à leur génétique, selon un nouveau sondage de l’IFOP. "La levée de l’anonymat des donneurs de gamètes risque d’affecter lourdement l’accès à la PMA pour toutes !", estime donc l’association Les Matrikas dans un communiqué.

"Risques de pénurie de dons gamètes" 

Le projet de loi Bioéthique va permettre aux futurs enfants nés grâce à un don de gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes) d’accéder à l’identité de leur géniteur ou génitrice à leur majorité. "Cette avancée majeure pour les droits de l’enfant pèse néanmoins très fortement sur les risques de pénurie de dons gamètes en France si elle entre trop brutalement en application", estime l’association.

C’est dans ce contexte que l’organisation Les Matrikas – qui milite pour l’égalité d’accès face à la santé reproductive et la non-discrimination dans les droits à la parentalité – a mené une étude, en partenariat avec l’IFOP, pour sonder les Français sur leurs prédispositions au don de gamètes. Bilan : 70% des personnes interrogées refuseraient de faire un don si leur anonymat n’était pas garanti.

"Un chiffre à considérer avec d’autant plus d’attention que les stocks de dons de gamètes dans les Cecos (Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) sont déjà insuffisants pour répondre aux demandes actuelles, et que l’ouverture à la PMA pour toutes va de facto augmenter le nombre de demandeuses (de 50% en moyenne)", évalue Les Matrikas.

L’entrée en application de la levée de l’anonymat conduira également à la destruction des gamètes des personnes ayant déjà donné mais refusant la levée de leur anonymat. "Ainsi, au passage de la loi Bioéthique, les réserves de gamètes en Cecos seront réduites quasiment… à zéro", déplore l’association. "Les milliers de couples hétérosexuels, lesbiens et les célibataires pourraient attendre des années pour se voir attribuer un don, ou iront à l’étranger faute de pouvoir réaliser leur projet de vie en France", ajoutent les militants.

"Il faut envisager une période transitoire"

"Les parlementaires et le gouvernement le savent, et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils demandent un rapport d’évaluation après le passage de la loi : dans tous les pays qui ont mis fin à l’anonymat, une baisse importante du nombre de dons a suivi", poursuivent-ils.

"En France, cette mesure va entrer concomitamment en application avec la loi Bioéthique. Si on ne veut pas que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes reste un vœu pieu, il faut envisager une période transitoire, dans laquelle les Cecos laissent la possibilité aux donneurs et donneuses de préserver leur anonymat s’ils ou elles le souhaitent, sur au moins un an. Avec l’assurance de dons mixtes et la garantie que les gamètes anonymes ne seront pas détruits au moment de la mise en application de cette mesure, les femmes en attente d’un don d’ovocytes ou de spermatozoïdes pourraient encore y avoir accès en France au passage de la loi", concluent Clémence Artur et Sandrine Trichard, co-présidentes de l’association Les Matrikas.