L’homme n’est pas prêt à s’en laisser compter. Pourtant, il s’attaque à l’une des industries les plus puissantes dont les moyens pour exercer un lobbying dans le monde se comptent en milliards de dollars. Député socialiste, Thomas Thévenoud veut mettre au jour « les moyens mis en œuvre » par ces géants « pour se dérober à leurs obligations fiscales ».
Dans le rapport parlementaire qu’il prépare, ce membre de la commission des Finances part d’une équation simple : « les 4 grands du tabac (1) réalisent un bénéfice total d’1 milliard d’euros par an. Or, ils n’en déclarent que 50 millions », explique-t-il dans un entretien au Parisien.
Au passage, le député de Saône-et-Loire rappelle que la lutte contre le tabagisme coûte 47 milliards d’euros par an et rapporte au fisc 14 milliards. Au nom de « l’impératif de santé », Thomas Thévenoud souhaiterait que les entreprises acquittent une contribution exceptionnelle de l’ordre de 150 à 200 millions par an. La politique antitabac « ne peut se résumer à taxer les fumeurs », estime-t-il.
Mais sa bataille ne s’arrête pas là. L’élu PS soupçonne les fabricants d’entente sur les prix. « Comment se fait-il que lorsqu'on augmente les taxes, rappelle-t-il dans les colonnes du quotidien, tous les prix augmentent du même montant, y compris celui des paquets haut de gamme, comme les Marlboro, pour lesquels la fiscalité n'a pas bougé ? »
De ce système fiscal et de cette politique de fixation des prix, Thomas Thévenoud veut tout comprendre. « Les taxes augmentent, les profits grimpent et le seul perdant, c'est le fumeur », lâche-t-il en évoquant quelques pistes de réflexion : « Je veux vérifier que l'administration défend bien l'intérêt général » et « savoir combien de personnes travaillent en France au service du lobbying mené par ces grands groupes à l'encontre des parlementaires nationaux et européens ». Voilà ses collègues du Parlement prévenus.
(1) Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco et Imperial Tobacco concentrent 95 % des ventes de cigarettes en France.