Faudrait-il que les chauffeurs routiers indiquent à l'arrière de leur camion la nature de leurs habitudes alimentaires pour prévenir les autres usagers de la route du danger potentiel qu'ils représentent ? Impliqués en France dans 15% des accidents corporels, les chauffeurs routiers, au volant de leurs poids-lourds, cumulent parfois les facteurs de risque de fatigue et de somnolence, deux causes majeures des drames de la circulation : privation de sommeil, activité physique limitée et habitudes alimentaires malsaines. Si les règles qu'ils doivent observer -temps de conduite limité, pauses obligatoires- permettent de limiter les effets négatifs des rythmes de sommeil perturbés ou décalés et de la sédentarité que leur impose leurs longs trajets, il est plus difficile de leur imposer une bonne conduite ... alimentaire.
Or une étude qui vient d'être publiée dans la revue Occupational & Environmental Medicine montre que la malbouffe des chauffeurs de camions augmente considérablement le risque qu'ils aient un comportement dangereux sur la route. En cause, l'impact des mauvaises habitudes alimentaires sur la fatigue et la somnolence.
Un lien entre l'alimentation et le comportement sur la route
L'étude repose sur l'analyse du comportement de près de 400 chauffeurs de poids lourds en Chine, âgés de 31 à 60 ans, possédant environ 10 ans d'expérience professionnelle et réalisant entre 50 000 et 100 000 kilomètres par an. Ils ont tous renseigné un questionnaire portant sur leurs habitudes alimentaires au cours de l'année écoulée : se nourrissaient-ils d'aliments riches en légumes et aliments de base, consommaient-ils beaucoup de glucides, de produits laitiers ou de protéines animales, prenaient-ils régulièrement des collations sous forme de boissons sucrées, gâteaux ou aliments frits.
Sans grande surprise, l'étude montre que l'habitude de consommation de telles collations était associée à des comportements de conduite dangereux. Et que ceux qui avaient des régimes reposant sur une proportion importante de protéines animales courraient davantage le risque d'être victimes de somnolence au volant ou de commettre des infractions aux règles de la circulation. En revanche, ceux qui consommaient régulièrement des légumes et aliments de base étaient les plus prudents au volant.
Les régimes riches en légumes entraînent moins de fatigue
Traduction sur les effets de ces différentes habitudes alimentaires : les régimes riches en légumes provoquent moins de fatigue que les régimes reposant sur des protéine animales et les horaires de repas irréguliers des adeptes des collations riches en sel ou en sucre impactent la vigilance et la concentration.
Il y aurait donc bien un lien entre les habitudes alimentaires des conducteurs de camions et la dangerosité de ce moyen de transport pour tous les usagers des réseaux routiers. "Un bon comportement de conduite peut être prédit par des habitudes alimentaires saines tandis qu'une consommation élevée de graisses et de sucre prédit plutôt des comportements dangereux", soulignent les auteurs de cette étude.