Entre 1950 et 2008, l’espérance de vie des Français est passée de 66 ans à 81 ans. Le résultat d’un allongement de la vie et du recul du vieillissement ? Pas vraiment à en croire une étude menée par des chercheurs britanniques de l’université d’Oxford en collaboration avec des scientifiques venant de 14 pays. Présentés le 16 juin dans la revue Nature Communications, leurs résultats suggèrent que l’augmentation de l’espérance de vie est dû à une réduction des décès précoces.
Les facteurs biologiques contrôlent la longévité
Cette étude sans précédent a visé à tester l’hypothèse d’un “taux de vieillissement invariant” en comparant les statistiques des humains et des primates. Pour cela, les chercheurs ont analysé les données sur les naissances et les décès par âge, couvrant plusieurs siècles et continents. “Nos résultats soutiennent la théorie selon laquelle, plutôt que de ralentir la mort, davantage de personnes vivent beaucoup plus longtemps en raison d'une réduction de la mortalité chez les plus jeunes, a conclu José Manuel Aburto qui est chercheur à l’université d’Oxford et auteur principal de l’étude. Nous avons comparé les données sur les naissances et les décès d'humains et de primates non humains et avons constaté que ce schéma général de mortalité était le même chez tous. Cela suggère que les facteurs biologiques, plutôt que environnementaux, contrôlent en fin de compte la longévité.”
L’amélioration de la santé et des conditions de vie ont entraîné une augmentation de la longévité de l'ensemble de la population. “Néanmoins, une forte augmentation des taux de mortalité, à mesure que les années avancent dans la vieillesse, est évidente chez toutes les espèces”, notent les chercheurs. Ces résultats confirment ceux d’une étude précédente, également parue le 25 mai dernier dans la revue Nature Communications, qui a conclu que les humains ne peuvent pas vivre au-delà de 150 ans. Au-delà de cet âge, nous ne serions plus assez résilients d’un point de vue physique pour survivre. Selon cette recherche, l’espérance de vie humaine dépend de deux facteurs : l’âge biologique et la résilience.
Les progrès médicaux se heurtent aux contraintes biologiques
L'équipe de chercheurs a analysé les données des primates, nos plus proches parents génétiques, et donc les plus susceptibles d'éclairer notre biologie. Elle a examiné les informations de 30 espèces de primates dont 17 à l'état sauvage et 13 dans des zoos, parmi lesquelles des gorilles, des babouins, des chimpanzés et des guenons. Ensuite, elle a épluché les registres des naissances et des décès de neuf populations humaines diverses dans l'Europe du 17e au 20e siècle dans les Caraïbes et l'Ukraine, et de deux groupes de chasseurs-cueilleurs entre 1900 et 2000.
Toutes ces données ont révélé le même schéma général de mortalité : un risque élevé de décès pendant la petite enfance qui diminue rapidement pendant les années immatures et adolescentes et reste faible jusqu'au début de l'âge adulte avant d’augmenter continuellement avec l'âge. “ Nos résultats confirment que, dans les populations historiques, l'espérance de vie était faible parce que de nombreuses personnes sont décédées jeunes, a constaté José Manuel Aburto. Mais à mesure que les améliorations médicales, sociales et environnementales se poursuivaient, l'espérance de vie a augmenté. Cependant, la trajectoire vers la mort dans la vieillesse n'a pas changé. Cette étude suggère que la biologie évolutive l'emporte sur tout, et jusqu'à présent, les progrès médicaux n'ont pas été en mesure de surmonter ces contraintes biologiques.”