Les Français n’en peuvent plus de patienter des mois pour obtenir un rendez-vous chez leur ophtalmologiste. Mais, manifestement, les ophtalmos n’en peuvent plus également de cette situation. Le syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) a donc décidé de s’adresser directement aux Français pour leur expliquer qu’ils ne sont en rien responsables de cette situation. Dans une vidéo qui dure deux petites minutes, le Snof passe en revue comment la France en est arrivée a à une telle pénurie.
Les besoins ont explosé en 30 ans. De 11,5 millions d’actes en 1980, nous sommes passés à 32 millions en 2012. Et la tendance n’est pas prête de fléchir. En 2025, le nombre d’actes d’ophtalmologie devrait grimper à 43 millions. Le vieillissement de la population est évidemment à l’origine de cette explosion des besoins. Mais le syndicat souligne aussi que les évolutions sociétales expliquent que nos yeux sont mis à rude épreuve : le travail sur écran, le permis de conduire qui concerne aujourd’hui la majorité de la population, etc.
Le nombre d’ophtalmologistes diminue. Actuellement, 5800 spécialistes de la vue exercent dans l’hexagone, soit 1 ophtalmologiste pour 10 000 habitants. Mais 75% d’entre eux sont des séniors, qui seront partis à la retraite dans quinze ans. En 2025, ils ne seront donc plus que 4000, si rien n’est fait pour modifier cette courbe. Ce qui fait dire au Snof que « la moitié de la population ne sera alors pas couverte ».
Le syndicat national des ophtalmologistes estime donc qu’il y a urgence à former davantage de spécialistes de la vue. Et selon eux, « les vocations ne manquent pas puisque le nombre d’étudiants en médecine a été multiplié par 2,3 en 15 ans. » Là où le bât blesse, c’est que le nombre d’internes autorisés à devenir ophtalmologistes, chaque année, est de 120. Or, 240 partent à la retraite dans le même temps. Autrement dit, un ophtalmologiste sur deux n’est pas remplacé. Pour réduire les délais d’attente, le Snof plaide aussi pour développer la délégation de tâches avec les orthoptistes et les opticiens.