Les Jeux Olympiques de Tokyo qui débutent le 23 juillet prochain se dérouleront devant une jauge réduite de spectateurs. Les organisateurs ont autorisé ce lundi que les sites des différentes compétitions puissent accueillir 50% du public dans une limite maximum de 10 000 personnes. Pour les athlètes, ces décisions ont des répercussions importantes, notamment pour les hommes qui auront peut-être tendance à être moins performants. C’est la conclusion d’une recherche présentée le 3 avril dans la revue Psychology of Sport and Exercise après avoir étudié les championnats du monde de biathlon 2020 qui ont eu lieu sans public.
La pandémie offre l’occasion de comparer les performances
De précédentes recherches ont évalué la théorie de la facilitation sociale, qui est la capacité des personnes à effectuer certaines tâches devant du public. Celles-ci ont montré que la simple présence d'un public améliore l'exécution de tâches simples, en particulier celles qui nécessitent de l'endurance. “Les études ont été relativement claires jusqu'à présent mais les résultats sont plus hétérogènes lorsqu'il s'agit de tâches de coordination plus complexe”, affirme Amélie Heinrich, chercheuse à l’institut des sciences du sport de l’université Martin Luther Halle-Wittenberg et autrice principale de l’étude.
Les chercheurs ont profité de la situation sanitaire et de l’absence des supporters pour étudier l’effet que cela peut avoir sur les performances des sportifs. “La pandémie offre une occasion unique d'étudier l'influence d'un public en dehors des conditions expérimentales du monde réel”, assure Amélie Heinrich. Cette dernière a comparé les temps de course et les succès aux tirs des biathlètes masculins et féminins au cours de la saison 2018-2019 avec leurs performances lors de la saison 2020 dans les épreuves de sprint et de départ groupé.
Sans public, une meilleure endurance chez les femmes
Les résultats ont montré que, sans public, les hommes vont plus lentement et les femmes plus vite. “Les résultats des hommes étaient comme prévu : ils sont allés plus vite avec un public présent, mais ont moins bien performé au tir, révèle la chercheuse. Fait intéressant, c'était l'inverse pour les femmes.” Les femmes ont skié plus lentement en présence de spectateurs puisqu’elles ont présenté des performances de notation supérieures de 5% lors du sprint sans public. Par ailleurs, elles ont été plus performantes au tir.
Cette étude est, selon ses auteurs, la première à révéler un effet différent du public sur les performances des hommes et des femmes. “Notre étude soulève des questions sur la généralisabilité de la théorie de la facilitation sociale et indique qu'il pourrait y avoir une différence auparavant inconnue entre les hommes et les femmes”, conclut Amélie Heinrich. Celle-ci ajoute que d’autres études dans d’autres sports doivent être menées pour affiner les résultats.
Pas d’explication scientifique
Les chercheurs n’ont pas encore d’explication scientifiques quant à leurs résultats. “Il est possible que les stéréotypes sexospécifiques jouent un rôle”, estime Amélie Heinrich. La présence de spectateurs renforcerait certains stéréotypes, comme par exemple le fait que les hommes soient considérés comme physiquement plus forts. Certaines études montrent également que les femmes seraient plus émotionnellement affectées par la présence de spectateurs.