Pour bien voir, il est essentiel de bien manger. Dans une nouvelle étude parue le 15 juin dans la revue Nutrients, des chercheurs de l’Inserm ont mis en évidence un lien entre les caroténoïdes circulants, qui sont des pigments végétaux protecteurs pour la rétine, et une réduction du risque de développer une dégénérescence maculaire liée à l’âge, la DMLA, une maladie dégénérative qui est la première cause de handicap visuel chez les seniors.
La lutéine et la zéaxanthine jouent un rôle pour l’œil
La DMLA est une maladie dégénérative qui affecte la partie centrale de la rétine. Celle-ci peut prendre deux formes différentes. Si la rétine est humide, on parle alors de DMLA néovasculaire et si celle-ci est sèche on parle de DMLA atrophique. Il n’existe actuellement pas de traitement permettant de la soigner mais il est possible de la prévenir ou de ralentir sa progression. “Depuis vingt ans, les chercheurs s’intéressent au lien entre nutrition et DMLA, assure l’Inserm dans un communiqué. Nous savons aujourd’hui que de nombreux aliments permettent de ralentir la dégénérescence : acide gras (oméga 3), antioxydants (vitamines C, zinc…). Ils protègent en effet la macula, la zone de l’œil affectée par la DMLA qui se situe au centre de la rétine.”
Dans cette étude, les chercheurs ont suivi 609 personnes âgés de 73 ans en moyenne pendant huit ans pour comprendre l’effet de l’alimentation sur la DMLA. “Ces travaux constituent la première étude longitudinale à identifier cette association”, affirme l’Inserm. Précisément, les scientifiques ont étudié le lien entre la présence de lutéine et de zéaxanthine dans le plasma et l’apparition de la DMLA. “La lutéine et la zéaxanthine font partie de la grande famille des caroténoïdes, précise le communiqué. On les retrouve notamment dans les fruits jaune orangé comme les agrumes ou les tomates, ainsi que dans les légumes à feuilles vertes, tels que les épinards, les choux et les blettes. Ce sont des pigments qui jouent un rôle très spécifique pour l’œil puisqu’ils sont présents en grande concentration dans la macula. Ils ne sont pas synthétisés par notre corps, c’est pourquoi nous devons les absorber à travers notre alimentation.”
Un risque réduit de 37%
Les chercheurs ont effectué des prélèvements sanguins afin de démontrer une association objective entre des niveaux circulants de lutéine et de zéaxanthine et une diminution du risque de la DMLA. “Une concentration plus importante de caroténoïdes dans le plasma, en particulier de lutéine et de zéaxanthine, réduit de 37 % le risque de développer une forme avancée de DMLA”, rapportent les auteurs de l’étude. Cette réduction a concerné les formes atrophique et néovasculaire de la maladie. “Au-delà de la lutéine et la zéaxanthine, aucun autre caroténoïde n’a été associé à une telle diminution des risques”, notent les chercheurs. La lutéine et la zéaxanthine absorbent la lumière bleue et jouent le rôle d’antioxydant afin de protéger la rétine du stress oxydatif. Ces deux actions ont pour effet de diminuer le rique de DMLA.
Pour les chercheurs, il faut privilégier les fruits et les légumes jaune orangé (tomates, carottes, agrumes), ainsi que les légumes à feuilles vertes (chou, épinards). “Si on veut aller un peu plus loin, l’alimentation la plus bénéfique pour prévenir la DMLA serait un régime de type méditerranéen, riche en fruits et légumes et qui apporte assez d’oméga 3 grâce aux poissons gras”, souligne Bénédicte Merle, auteure de l’étude.