Qu’est-ce qui provoque le vieillissement de nos cellules ? Depuis longtemps, les chercheurs estiment que ce phénomène est lié à certains gènes. Une étude, parue dans iScience, remet en question ce postulat. "Ces gènes sont considérés comme des moyens de contrôle du vieillissement, chez les vers, les souris et les humains, explique Edward Giniger, l’un des auteurs de cette nouvelle recherche. Nous avons été choqués de découvrir que seulement 30% d’entre eux sont directement impliqués dans le processus de vieillissement."
Un résultat inattendu
Le chercheur et son équipe ont fait ce constat par hasard : ils effectuaient des recherches sur le vieillissement des drosophiles, aussi appelées mouches à fruit. Ils avaient précédemment constaté qu’un système immunitaire hyperactif pouvait dégrader les neurones et engendrer des troubles cérébraux liés à l’âge. Pour tester leur hypothèse, ils ont administré des antibiotiques à un groupe de drosophiles tout juste nés. Les scientifiques ont supposé qu’ils n’auraient aucune conséquence sur leur développement et leur survie.
Les résultats leur ont prouvé le contraire : les mouches ayant pris les antibiotiques vivaient en moyenne six jours de plus que celles n’en ayant pas reçu. "C’est une grosse différence d’âge pour les mouches, précise Arvind Kumar Shukla, co-auteur. Chez les humains, c’est l’équivalent d’une vingtaine d’années de vie gagnée." Grâce à une analyse génétique poussée, ils ont remarqué que les antibiotiques modifient le rôle de certains gènes dans le vieillissement. "Au début, nous avons eu du mal à croire ces résultats, poursuit-il. Plusieurs de ces gènes sont des marqueurs classiques du vieillissement." Leur étude montre qu’en réalité leur activité est plus associée à la présence de certaines bactéries qu’au processus de vieillissement.
Mieux comprendre les gènes pour mieux lutter contre le vieillissement
Dans une autre expérience, les chercheurs ont fait grandir des mouches dans un environnement entièrement stérile, donc en l’absence totale de bactéries, sans utiliser d’antibiotiques : le constat était le même. Chez les drosophiles, cela signifie que l’activité de l’organisme face aux bactéries a un impact sur le vieillissement. Les chercheurs souhaitent poursuivre leurs travaux pour identifier les gènes réellement impliqués dans ce processus. "Si nous voulons combattre le vieillissement, nous devons savoir précisément quels sont les gènes qui règlent l’horloge", conclut le Dr Giniger.