Le somnambulisme est une parasomnie du sommeil sans mouvements oculaires rapides (NREM) qui affecte jusqu'à 4 % des adultes. Cela expose les patients à un risque grave de blessure et, dans certains cas, entraîne des blessures involontaires ou des violences contre les autres. Le lendemain peut également s'avérer difficile car le somnambule se sentira peu reposé et aura un fort désir de s'endormir. Les causes amenant au somnambulisme restent peu connues. Dans une nouvelle recherche, présentée le 24 juin dans la revue Frontiers in Neurology, des chercheurs canadiens ont approfondi l’hypothèse selon laquelle le somnambulisme est un trouble de l'éveil et le résultat d’un sommeil profond mal régulé.
Le système nerveux autonome anormalement activé
Les scientifiques ont examiné comment le système nerveux autonome, qui régule les fonctions physiologiques du corps et se mesure via la fréquence cardiaque, influence le sommeil profond des somnambules. Ils ont recruté 14 adultes atteints de somnambulisme. “L'un des défis de l'étude de grandes cohortes de somnambules est la prévalence relativement faible du trouble dans la population adulte”, ont estimé le professeur Antonio Zadra et la docteure Andrée-Ann Baril de l'université de Montréal, les deux auteurs principaux de l’étude. Les participants ont été évalués par vidéo-polysomnographie pendant une nuit et pendant le sommeil de récupération après 25 heures de privation de sommeil.
Les chercheurs ont remarqué que les somnambules présentent des réponses différentes dans le système nerveux autonome. Les réponses des systèmes nerveux sympathiques et parasympathiques se trouvent anormalement activées. Le premier, qui gère l'activité des organes viscéraux et les fonctions automatiques de l'organisme comme la respiration ou le battement du cœur, s’active normalement en situation de lutte ou de fuite. Pendant le sommeil, c’est plutôt le système parasympathique qui s’active pour maintenir les activités de base de l'organisme et permettre le stockage énergétique. Chez les somnambules, cela s’inverse et la partie sympathique s’active quand la réponse du système parasympathique est plus faible.
Le système parasympathique favorisé
“Bien que les causes du somnambulisme restent floues, nous savons que pendant leur sommeil, les somnambules peuvent ressentir une interaction anormale entre les processus liés à l'éveil et au sommeil profond, même en dehors de leurs épisodes, ont observé les auteurs de l’étude. En d'autres termes, les somnambules peuvent présenter des preuves à la fois d'éveil et de sommeil profond ; un état à partir duquel des épisodes de somnambulisme peuvent survenir. Nos résultats indiquent que, comparé aux adultes en bonne santé, le système nerveux autonome des somnambules favorise leur activité parasympathique pendant le sommeil. Cela ouvre une voie nouvelle et plus large pour comprendre les processus biologiques impliqués dans le somnambulisme.”
Une limite à l'étude, notent les chercheurs, est que la mesure de l'influence des branches sympathique et parasympathique sur le rythme cardiaque d'une personne est une approche indirecte et peut être confondue par d'autres facteurs. “Bien que nos résultats indiquent la présence d'un système nerveux autonome altéré pendant le sommeil profond des somnambules, il reste à déterminer si et comment cette activité atypique est impliquée dans la survenue d'épisodes de somnambulisme réels”, soulignent-ils.