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Recherche scientifique

Diabète de type 2 : le foie, nouvelle cible des traitements

Par Mégane Fleury

L’accumulation de graisses dans le foie détériore les nerfs présents dans cet organe. Cela nuit à la bonne transmission des signaux vers le cerveau, qui n’arrive plus à réguler correctement l’insuline. 

magicmine/istock
En France, le diabète de type 2 représente 90% des cas de diabète.
Le contrôle de la maladie repose sur trois axes : la perte de poids, la pratique d’une activité physique et une meilleure alimentation.
Des traitements antidiabétiques sont administrés en parallèle pour normaliser la glycémie.

Le diabète de type 2 concernait 108 millions de personnes dans le monde en 1980, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé. En 2014, ce nombre a été presque multiplié par 4 : 422 millions de personnes en souffraient. Face à ces cas de plus en plus nombreux, la communauté scientifique s’active pour trouver de nouveaux traitements, car aujourd’hui, les seuls médicaments disponibles agissent uniquement sur les symptômes. Dans la revue Cell Reports, deux études présentent une nouvelle piste pour la prise en charge de ce diabète. 

Quels sont les liens entre obésité, taux de graisse dans le foie et diabète de type 2 ?

Pendant neuf ans, Benjamin Renquist, l’un des auteurs de cette étude, a travaillé avec son équipe sur les liens entre obésité, maladie du foie gras (NASH) et les différents diabètes. "L’obésité est considérée comme l’une des causes du diabète de type 2, et depuis longtemps, nous savons que la quantité de graisse dans le foie augmente en cas d’obésité, explique-t-il. À mesure que la graisse augmente dans le foie, l’incidence du diabète est plus importante." Cette observation l’a conduit à penser que la graisse présente dans le foie pouvait être la cause du diabète de type 2. "Mais comment la graisse dans le foie peut rendre l’organisme résistant à l’insuline", s’interroge-t-il. 

Une communication perturbée entre le cerveau et le foie

Une étude sur des animaux a permis au chercheur et à son équipe d’identifier des neurotransmetteurs produits par le foie, en cas d’obésité, appelés GABA, pour neurotransmetteur inhibiteur acide gamma aminobutyrique. Or son rôle est de réduire l’activité des nerfs. "Quand le foie produit des GABA, cela réduit l’activité des nerfs qui partent du foie vers le cerveau", poursuit le chercheur. En réponse, le système nerveux central s’adapte et diminue l’activité de régulation du glucose. 

Des résultats prometteurs 

Dans une seconde partie de l’étude, les scientifiques ont souhaité confirmer ces résultats, en désactivant les neurotransmetteurs GABA dans des animaux atteints de diabète de type 2. "L’inhibition de la production de GABA a permis de restaurer la sensibilité à l’insuline en quelques jours", raconte Caroline Geisler, en charge de cette partie de la recherche. Sur le plus long terme, cela a permis à réduire la quantité de nourriture consommée par les animaux et de leur faire perdre du poids. En parallèle, l’équipe a constaté que les personnes souffrant de résistance à l’insuline avaient une expression supérieure à la moyenne des gènes associés à la production de GABA dans le foie. Cela signifie que ces résultats pourraient être appliqués chez l’humain. Benjamin Renquist précise que cette découverte n’est qu’une première étape vers une cible thérapeutique. Il faudra encore attendre plusieurs années avant que des traitements arrivent dans les rayons des pharmacies.