- Au 14e siècle, l’épidémie de peste noire a décimé plus de la moitié de la population européenne.
- La contamination se faisait généralement par des piqûres de puces, qui avaient été précédemment infectées par des rats.
- Les restes de "RV2039" montrent qu'il est probablement mort de cette maladie, même si elle s'est développée très lentement dans son organisme.
Il aurait aujourd’hui plus de 5 000 ans, et il serait le patient zéro de la peste. Ce chasseur-cueilleur a été identifié par des scientifiques allemands comme le premier cas connu de cette maladie qui a ravagé l'Europe au Moyen-Âge. Dans ses restes, ils ont repéré des traces de Yersinia pestis, la bactérie à l’origine de la peste. Dans Cell Reports, les scientifiques reviennent sur cette découverte.
Une bactérie découverte en 1894
"Le plus surprenant est que nous pouvons estimer que l’apparition de la peste a eu lieu 2 000 ans plus tôt que ce que les recherches précédentes suggéraient", souligne Ben Krause-Kyora, l’un des auteurs de cette étude. Si la bactérie Yersinia pestis avait été identifiée pour la première fois en 1894, son origine exacte n’est pas encore connue. Grâce à ces nouvelles découvertes, le chercheur Ben Krause-Kyora estime que "nous sommes vraiment proches de l’origine de la bactérie".
La plus ancienne souche jamais identifiée
À la fin du 19e siècle, des restes humains avaient été découverts en Lettonie : il s'agissait de ceux de sont chasseurs-cueilleurs, décédés il y a 5 000 ans. Entre temps, et avec deux guerres mondiales, ces squelettes avaient disparu. En 2011, ils ont été retrouvés et de nouvelles recherches ont été réalisées dans la zone de découverte. Ben Krause-Kyora et son équipe ont récupèré différents échantillons, dont des dents et des os. Ils ont séquencé leur génome et vérifié ensuite la présence de certains virus et bactéries. Dans l’échantillon appelé "RV2039", ils ont repèré la présence de la bactérie Yersinia pestis. Selon les scientifiques allemands, c’est la plus ancienne souche du virus jamais découverte. Elle serait extraite d’un lignage datant d’il y a 7 000 ans.
Une version moins contagieuse
Mais il manquait un élément crucial à cette souche du virus : le gène permettant aux puces de devenir des vecteurs. D’après les chercheurs, il a fallu plus de mille ans à la bactérie pour acquérir le gène nécessaire. "RV2039" a été infecté par une version moins agressive, pour preuve, les personnes enterrées près de lui n’étaient pas infectées. Selon eux, le chasseur-cueilleur a probablement été contaminé par une morsure de rongeur, mais il n’aurait pas transmis la maladie par la suite.
Cette découverte leur permet de conclure que cette souche de la bactérie avait connu une évolution lente et un niveau de transmission faible. Mais elle modifie aussi la connaissance du génome humain, qui a évolué en même temps que la maladie. Elle remet également en question la théorie selon laquelle les maladies infectieuses se sont principalement développées dans les grandes villes : lorsque "RV2039" est décédé, il y a 5000 ans, celles-ci n’existaient pas !