- L’Organisation mondiale de la santé estime qu’il y a entre 1,3 et 4 millions de cas de choléra chaque année.
- Des médicaments ont déjà été créés grâce à une modification des plantes, notamment contre la grippe ou Ebola.
- Selon les chercheurs, tous les vaccins, même ceux injectés, pourraient avoir une efficacité variable selon l'état de la flore intestinale.
Si vous êtes bélonéphobe, soit phobique des aiguilles, cette nouvelle devrait vous plaire : des chercheurs travaillent sur le développement d’un riz permettant d’inoculer le vaccin contre le choléra. La maladie est plus fréquente dans les pays où l’accès à l’eau potable est réduit et où l’équipement en structures d’assainissement manque. Or, dans ces conditions, la conservation des vaccins peut être un véritable défi en l’absence d’infrastructures sanitaires et/ou d’électricité. Pour cette raison, l’équipe de scientifique de l’université de Tokyo s’est intéressée au riz. Ils expliquent leur démarche dans The Lancet Microbe.
Un mode de culture sûr ?
La production du riz destiné à la vaccination doit suivre un protocole précis. Aujourd’hui, les plants sont cultivés dans des fermes hydroponiques, dans des bâtiments spécifiques. D’après les chercheurs, ils sont totalement isolés de l’environnement, car le risque est que ces organismes génétiquement modifiés contaminent les autres plantes aux alentours.
Une réaction immunitaire efficace
Le riz utilisé par les chercheurs a en effet été modifié génétiquement en laboratoire : il produit une portion d’une protéine de la bactérie responsable du choléra. Lorsqu’une personne ingère le riz, l’effet est similaire à celui d’un vaccin administré par injection. Le système immunitaire réagit à la présence de cette bactérie, la reconnaît et la neutralise. Dans l’essai réalisé auprès de soixante participants, la céréale a fait ses preuves. À chaque fois, la portion de riz (1,3 ou 6 g) a été mélangée à de l’eau. Au total, l’expérience a duré huit semaines et les participants ont pris quatre doses de riz. "Tous les participants ont réagi au vaccin, avec les doses faibles, moyennes et élevées, mais la réponse immunitaire la plus importante était celle liée aux plus fortes doses", commente Hiroshi Kiyono, le directeur de ce projet appelé MucoRice.
Quel sera l’impact du microbiote intestinal ?
Lors de l’étude, onze personnes n’ont pas eu de réaction immunitaire. "Nous nous sommes dit que la flore intestinale avait peut-être un impact sur la réponse immunitaire", indique le Dr Kiyono. La composition de cet ensemble de bactéries peut varier selon différents facteurs, or dans cette recherche, les scientifiques constatent que plus le microbiote est varié, plus la réponse immunitaire est forte. D’autres essais seront nécessaires, avec des profils de participants plus divers, pour mieux comprendre les liens entre le microbiote et le vaccin. L’équipe de chercheurs japonais prévoit déjà de réaliser d’autres études au Japon et dans d’autres pays pour teste l’efficacité de ce riz-vaccin.