“La première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise”. Héritée de l’écrivain français Henri Jeanson, cette phrase est régulièrement reprise, sans s'appuyer sur de véritables preuves scientifiques. Une nouvelle assure que si la première impression n’est peut-être pas toujours la bonne, elle est en tout cas celle qui marque le plus. Publiée le 15 juin dans la revue eLife, la recherche menée par des scientifiques américains du National Institute of Mental Health (NIMH) suggère que les premières expériences peuvent avoir un effet plus important sur notre humeur que les événements plus récents.
Deux modèles pour comparer ce qui affecte le plus l’humeur
Les chercheurs ont développé une modélisation informatique afin de savoir quel moment d’un évènement a le plus grand impact sur l’humeur d’une personne. Ils ont développé un premier modèle, basé sur l’hypothèse selon laquelle les expériences survenant au début d'une interaction ou d'un jeu l'emportent sur les plus récentes en affectant notre humeur. Ils ont ensuite opposé ce modèle à un second modèle, fondé sur l'idée que les expériences plus récentes ont un effet plus fort sur l'humeur. Ils ont également examiné leurs modèles sur des personnes d'âges différents, ainsi que sur des participants en bonne santé mentale et d’autres souffrant d’états dépressifs.
Pour mener leur étude, les chercheurs ont recruté des volontaires pour participer à un jeu de hasard en ligne avec de petites récompenses monétaires en fonction de leur succès dans le jeu. Ils les ont invités à rapporter leurs humeurs à différentes étapes de la partie. Dans une deuxième série d'expériences, ils ont recruté un groupe d'adolescents volontaires pour jouer à un jeu similaire mais, cette fois-ci, en laboratoire. Cela a permis aux chercheurs de mesurer leur activité cérébrale pendant qu’ils jouaient. Ils ont également collecté des données pour savoir si les participants souffraient de dépression, car cela peut également avoir un impact sur l'humeur actuelle d'un individu.
Plus de recherches pour bien comprendre
Les résultats ont révélé que les premiers événements pendant le jeu avaient le plus grand impact sur l'humeur dans les deux groupes. Cela s’est confirmé que les personnes souffrent ou non de dépression. Les données d'imagerie ont également suggéré que des expériences antérieures dans le jeu ont “activé” des parties du cerveau frontal associées à des humeurs, plutôt que des événements ultérieurs.
Les chercheurs estiment que ces résultats posent des questions qui devront être étudiées lors de futures études, notamment pour comprendre pourquoi des expériences défavorables au début d'une tâche ou d'une interaction peuvent avoir des effets durables sur l'humeur d'un individu. Des recherches sur l’impact des événements sur l'humeur sur des périodes plus longues pourraient aider à répondre à ces questions, estiment-ils.