- Le dôme de chaleur est le résultat de l'arrivée d'un air subtropical qui reste immobile faute de vents violents et dont l'intensité est renforcée par un anticyclone.
- En tout, 233 signalements de décès ont été enregistrés à Vancouver contre environ 130 en moyenne pour la même période en temps normal.
- En 2019, un étude a recensé 27 raisons pour lesquelles la chaleur peut tuer.
Les records absolus ont été pulvérisés au Canada. Depuis presque une semaine, une vague de chaleurs extrêmes entraîne des températures extrêmes qui ont atteint 49,5 degrés mardi. Dans la région de Vancouver, des dizaines de personnes sont mortes subitement ces derniers jours à cause de la canicule.
Un air qui stagne et qui se réchauffe au sol
En temps normal, à cette époque, la ville canadienne de Vancouver affiche des températures autour de 21 degrés. Depuis une semaine, le mercure s’élève facilement au-dessus de 30 degrés et grimpe au-delà des 40 degrés à quelques centaines de kilomètres. Pour un troisième jour consécutif, le village de Lytton, à quelque 260 km au nord-est de Vancouver, a établi un nouveau record de chaleur absolu pour le Canada, avec 49,5 degrés, selon le service météorologique canadien. Le mercure a également atteint les 42 degrés dans la station de ski de Whistler, au nord de Vancouver, selon ce service. De pareilles températures ont été enregistrées au nord-ouest des États-Unis, à Portland ou Seattle.
Cette arrivée soudaine et brutale d’un épisode caniculaire est la conséquence d’un “dôme de chaleur”. Ce terme, qui n’est pas un terme météorologique, fait référence à une grosse masse d’air très chaud. Venu du Mexique grâce aux dépressions et anti-cyclones, l’air subtropical reste désormais immobile au-dessus de la partie occidentale canadienne et américaine à cause d’une absence de vents assez forts en altitude. À cela s’ajoute, au Canada, un anticyclone qui fait pression vers le sol et agit comme une sorte de pompe à vélo qui comprime l’air et le réchauffe.
Les personnes âgées les plus à risque
La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) et la police de la ville de Vancouver ont annoncé séparément qu'au moins 134 personnes sont décédées subitement depuis vendredi dans la région de la métropole canadienne de la côte du Pacifique. “Vancouver n'a jamais connu une telle chaleur et, malheureusement, des dizaines de personnes en sont décédées”, a déclaré un porte-parole de la police de Vancouver, Steve Addison, dans un communiqué. Les services du médecin-légiste de la province ont indiqué avoir “enregistré une augmentation importante du nombre de morts signalées” depuis une semaine. Ils ont reçu 233 signalements de décès contre environ 130 en moyenne pour la même période en temps normal.
La canicule est directement en cause pour cette hausse brutale du nombre de décès. “Nous pensons que la chaleur a contribué à la majorité des décès”, confirme la police fédérale, ajoutant que la majeure partie des victimes sont des personnes âgées. “Ce temps peut être mortel pour les membres vulnérables de notre communauté, en particulier les personnes âgées et celles qui ont des problèmes de santé sous-jacents”, a ajouté un porte-parole de la GRC, Mike Kalanj.
27 façons de mourir de chaud
Cet épisode confirme l'effet meurtrier de la chaleur. Pendant la canicule de 2003, 70 000 personnes sont décédées en Europe. Notre organisme possède des mécanismes lui permettant de s’adapter aux variations de température. Ce “thermostat” interne est réglé par l’hypothalamus, la zone située à la base du cerveau. Mais ce mécanisme ne fonctionne que jusqu’à une certaine limite et passée les 40 degrés, l’organisme perd ses capacités d’autorégulation de la température. De là à conduire au décès, il y a quand même un fossé.
En 2019, des chercheurs de l’université d’Hawaï ont recensé 27 façons de mourir de chaud, selon cinq mécanismes affectant sept organes. “Mourir de chaud s'apparente à un film d'horreur où vous devez choisir entre 27 fins terrifiantes”, a conclu Camilo Mora, l'auteur principal de l'étude. Cela est notamment dû aux mécanismes de défense de l’organisme pour refroidir le corps qui finissent par s'emballer et se retourner contre nous-mêmes, mettant en danger plusieurs organes.
Quand le corps s’emballe
Le système cardiovasculaire est alors le premier à flancher. La tension chute et le cœur s'accélère pour tenter de compenser le manque d'oxygène dû au déplacement de la circulation sanguine. Ce phénomène explique pourquoi les personnes atteintes de pathologies cardiaques font partie des premières victimes lors des canicules. Les reins sont également en danger à cause de la déshydratation qui augmente la réabsorption d'eau et des sels, et endommage le tissu rénal. Le cerveau est lui aussi mis à rude épreuve à cause d’une augmentation du pH sanguin qui met en danger les fonctions cellulaires.
L’ischémie et la cytotoxicité sont deux autres phénomènes mortelles engendrés par les pics de chaleur. Le premier renvoie à une augmentation du débit sanguin en périphérie qui se fait au détriment des organes centraux, qui souffrent d’une insuffisance d'apport sanguin et donc d’un manque d'oxygénation. Le second explique une dégradation des membranes des cellules qui deviennent perméables aux toxines et agents pathogènes. Enfin, l’hyperthermie, ou la surchauffe du corps, est une autre conséquence de la chaleur qui peut tuer. Pour l’éviter, il faut à tout prix refroidir le corps lorsque les premiers symptômes apparaissent, c’est-à-dire la peau rouge, des maux de tête ou ventre, un faible ou trop rapide rythme cardiaque.