Chaque année, pendant environ 9 à 11 semaines, la France connaît une épidémie de grippe saisonnière, touchant entre 2 et 6 millions de personnes. Bien que fortement ralenti depuis le début de l’épidémie de Covid-19, notamment par la mise en place de mesures barrière, le virus pourrait réapparaître à l’hiver prochain, et toucher en premier lieu les adultes actifs.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par l’université de l’Arkansas (États-Unis), qui estime qu’en moyenne, les personnes employées ont 35,3 % plus de risques d'être infectées par le virus de la grippe. Ce résultat confirme l’hypothèse selon laquelle le lieu travail est l’un des principaux modes de propagation de la maladie.
Les secteurs de la vente, de l’éducation et de la santé en première ligne
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont appuyés sur des données provenant d’une enquête nationale appelée Medical Expenditure Panel Survey, qui fournit des informations complètes sur le coût et l'utilisation des soins de santé et la couverture d'assurance maladie aux États-Unis.
En analysant les données, les chercheurs ont constaté des différences significatives dans l'incidence de la grippe entre diverses professions et industries. Ainsi, les personnes travaillant dans la vente avaient une probabilité d'infection 40,5 % plus élevée que les agriculteurs. Parmi les secteurs d’activité les plus touchés, se trouvent l'éducation, la santé et les services sociaux, qui présentent une probabilité d'infection 52,2 % plus élevée que les mines.
Les contacts humains, facteurs de propagation
Mais, pour Dongya Koh, professeur adjoint d'économie au Sam M. Walton College of Business, ces "différences interindustrielles dans l'incidence de la grippe ne peuvent pas être entièrement expliquées par les différences au sein d'une structure professionnelle spécifique à l'industrie".
L’équipe a donc souhaité "examiner l'étendue des contacts humains et des interactions au travail comme un mécanisme potentiel de contagion". Pour cela, elle a construit une mesure de l'exposition et de l'interaction humaines spécifiques à la profession et à l'industrie. Les chercheurs ont alors constaté qu'un contact humain plus important au travail était positivement associé à des taux de contagion plus élevés.
Les résultats étaient plus importants les années où l'incidence globale de la grippe était élevée et cohérents en ce qui concerne la taille de l'entreprise, le nombre d'emplois et les heures travaillées.
"Ces résultats ne devraient surprendre personne, estime le Pr Koh. Nous espérons qu'ils sont pertinents pour la compréhension de la propagation de la grippe et d'autres maladies infectieuses transmises par des gouttelettes respiratoires ou des contacts humains étroits, notamment le SRAS et ou la Covid." Les auteurs espèrent désormais que ces résultats influenceront la politique gouvernementale en matière de santé publique, mais aussi les entreprises privées dans la conception et la gestion optimales des espaces de travail, ainsi que dans leurs décisions politiques relatives aux congés de maladie et au travail à distance.